"Le marché du livre électronique n’existera que sur des supports diversifiés"

Latribune.fr - Comment est né Numilog, et avec quelle ambition ? Denis Zwirn - Le projet date du début 1999 : personnellement, je rêvais depuis longtemps de lecteurs électroniques, j'en avais même dessinés. Et puis le marché a peu à peu pris corps avec le rapprochement entre les terminaux mobiles au sens large et celui d'Internet, qui constitue le moyen d'acheminement idéal. Nous avons donc créé formellement Numilog en avril 2000, avec des capitaux apportés par des business-angels et par les Editions Atlas, qui ne jouent qu'un rôle financier et n'interviennent pas en tant qu'éditeur dans la gestion de l'entreprise. La commercialisation a débuté en octobre, avec 150 titres. Nous en proposons aujourd'hui 500, publiés par une vingtaine d'éditeurs, et nous visons un millier d'œuvres avant la fin de l'année.La moitié, environ, de notre catalogue est constituée de classiques libres de droits. Sur le millier de titres prévus pour la fin de l'année, 300 devraient être des classiques, 700 des ouvrages issus des éditeurs partenaires.Y a-t-il de la place pour des distributeurs indépendants sur ce marché encore peu développé ?Je crois que le positionnement indépendant est, au contraire, un atout sur un marché qui démarre et qui est encore bien loin d'être un marché de masse. Mais justement, tous les opérateurs sont encore liés à des terminaux ou à des logiciels. Certains sont issus du milieu de l'édition traditionnelle, d'autres suivent une logique de fabricants. Nous, nous ne somme pas éditeurs, mais libraires. Nous voulons travailler avec les éditeurs, y compris numériques, pour leur fournir une solution technique et commerciale.Le marché, de toute façon, n'existera que sur des supports diversifiés, avec des publics différents, lisant sur des appareils différents pour des usages différents. Numilog a pour ambition de desservir l'ensemble des plates-formes existantes et à venir.En outre, nous profitons du fait que, manifestement, le développement des ventes de livres numériques ne fait pas partie des priorités des grands distributeurs en ligne, la Fnac, Amazon et Alapage.Comment les éditeurs abordent-ils ce marché ? Ils sont tous prudents, mais à des stades d'approche du marché variables. Certains sont très en avance et voudraient même aller plus vite que ce qui est réalisable. Les plus intéressés sont clairement les éditeurs spécialisés dans le management, qui savent que la demande auprès de leurs clients naturels est déjà très forte.D'autres sont plus attentistes, parce qu'ils craignent pour leur image, pour leurs relations avec les libraires physiques ou pour la protection des œuvres sur Internet. Mais je crois que 2001 sera l'année durant laquelle l'idée que, décidément, le livre électronique n'est ni une mode, ni un gadget peut prendre le dessus. A terme, je pense que les stratégies des éditeurs seront variables, notamment selon qu'ils appartiennent ou non à un grand groupe de communication. A priori, les éditeurs souhaitent se recentrer sur leur métier d'édition, en laissant à d'autres la distribution numérique, qui pose des problèmes technologiques. Nous voulons leur offrir une plate-forme de distribution, en vendant, sur notre site - mais pourquoi pas sur le leur - leurs propres livres numérisés par nos soins.Quelle attitude les éditeurs convertis au livre électronique adoptent-il en matière de prix ? Nous n'imposons jamais les prix aux éditeurs, nous leur proposons simplement de jouer un rôle de conseil, à partir de deux idées : le livre électronique offre de la matière en moins, le papier, et le prix doit être, selon nous, l'un des avantages offerts par le livre électronique. Mais l'éditeur reste souverain. De fait, sur l'ensemble de notre catalogue, la plus grande partie est vendue environ 30% moins cher qu'en version imprimée. Quelques uns vont jusqu'à vendre certains livres à moitié prix. Quelle part peut, selon vous, prendre le livre électronique sur le marché de l'édition ? La perspective d'une part de marché de 5 à 10% sur les deux ans qui viennent me semble un bon chiffre. Certaines études prévoient une part de 10% à un horizon de trois ou quatre ans. Et après tout, Microsoft va même jusqu'à prédire que, dans une génération, 90% des livres seront électroniques...Propos recueillis par Marc Angrand
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