Dans le hall d'accueil de l'Atelier de l'innovation, ce n'est pas un ordinateur qui trône, mais... une chaudière. L'un des fleurons du portefeuille du groupe est en effet Therm-Ambiance, un fabricant de "matériel modulaire de chauffage". Une participation atypique dans le domaine du capital-risque, mais qui colle bien à l'image qu'entend véhiculer l'Atelier de l'innovation : celle d'un "fabricant d'entreprises innovantes", que l'innovation soit d'ordre scientifique ou ou technique. A l'origine et à la tête de l'Atelier de l'innovation, Jean-Yves Charron et Gilles Malfait, hommes de marketing et de communication, sont partis d'un constat simple : " il y a des gens à forte valeur technologique qui ont moins de valeur entrepreneuriale : si on les laisse seuls, la probabilité qu'ils réussissent en entreprise est faible ". Pour marquer sa différence, la structure, créée en 1998, vient même de s'offrir le luxe de refuser l'entrée d'investisseurs institutionnels à son capital : les actionnaires privés, qui avaient déjà apporté un peu plus de 17 millions de francs depuis la création, ont choisi d'apporter la totalité des 27 millions de la nouvelle levée de fonds. La stratégie d'investissement de l'Atelier de l'innovation est rigoureusement formalisée : après un processus de sélection et d'évaluation du projet qui peut prendre plusieurs mois, l'Atelier et le porteur de projet créent une société dotée de 250.000 francs de capital, qui s'adresse ensuite aux investisseurs extérieurs pour lever des fonds. Puis, au fur et à mesure des levées de fonds, le porteur de projet et l'Atelier sont dilués à la même hauteur. "Cette règle nous force à défendre le porteur du projet pour protéger nos propres intérêts, souligne Gilles Malfait, directeur général. Car notre retour sur investissement dépend des conditions de cession de notre participation". L'apport de l'Atelier de l'innovation provient principalement de la " Maison pépinière de l'Atelier " (MPA) avec la fourniture de services, " en gros, tout ce qui est nécessaire à l'entreprise... mais pas spécifique à son activité " : services financiers, services généraux, gestion des ressources humaines, etc... L'Atelier gère aussi rapidement le recrutement d'un " manager ", voué à prendre, après quelques mois, la responsabilité du développement de l'activité. "Nous nous intéressons avant tout aux techniques et aux technologies plutôt qu'aux hommes, souligne Gilles Mafait. Dès 1999, si nous l'avions souhaité, nous aurions pu n'investir que dans des dot-coms. Mais nous avons choisi de conserver notre éclectisme". Un parti-pris qui a permis à l'entreprise de constituer un portefeuille d'une quinzaine de sociétés, sensiblement équilibré entre high-tech et activités plus classiques. Parmi les projets les plus avancés, Cell-Tissue Progress conçoit des robots de culture de tissus cellulaires et a commencé à livrer des laboratoires-pilotes aux Etats-Unis et en Europe. mPixel, elle, travaille sur la compression d'images fixes et vise notamment le marché de l'Internet mobile, qui permettra l'intégration d'images dans les applications nomades. Egalement en vedette, mais un peu malgré elle, I2BP assure avoir développé un nouveau standard de compression vidéo qui constituerait une avancée technologique considérable sur les formats existants. Mais la société a annulé la présentation prévue le mois dernier, expliquant que les procédures de dépôt des brevets étaient plus longues que prévu. " Le jour où nous serons prêts, nous communiquerons ", assure Gilles Malfait. Si cette promesse est tenue, et si les résultats sont à la hauteur, I2BP pourrait être la première société du portefeuille à chercher un acquéreur. D'ici là, les 27 millions de la récente levée de fonds permettront d'assurer le fonctionnement du groupe et la croissance du portefeuille.Marc Angrand

latribune.fr

20 Oct 2008, 8:41

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