Les jeunes pousses attendent la fin de l’orage

Compte tenu de la conjoncture économique et de la difficulté à trouver des fonds aujourd'hui pour les jeunes pousses françaises, La Tribune, en partenariat avec le cabinet de conseil en stratégie Booz Allen Hamilton, a demandé à une quarantaine de start-up de l'Hexagone leur sentiment sur leur situation. Plusieurs points positifs ont été mis en avant, on le verra plus loin, mais les difficultés sont bien réelles et les dirigeants de ces jeunes entreprises (toutes ont moins de cinq ans) n'ont pas hésité à les exprimer. La crise des marchés financiers rend moroses les entrepreneurs de la Net économie. En parallèle de la déprime constatée des marchés, ils déplorent une situation d'attentisme dans laquelle "tout le monde attend les difficultés des uns et des autres pour racheter moins cher". En ligne de mire, les investisseurs : les entrepreneurs se plaignent de "l'attentisme irrationnel des capital-risqueurs" et trouvent "un peu stupide" de leur part "d'avoir mis la main et maintenant de vouloir retirer le bras". De façon plus générale, les start-up constatent une réserve des investisseurs pour "tout type de projets liés à la nouvelle économie" alors qu'un effet de mode donne aujourd'hui une mauvaise image des jeunes pousses auprès des capital-risqueurs. A cet égard, certaines grandes entreprises industrielles en quête d'"internetisation" et certains porteurs de projets lançant une entreprise de type "dotcom" n'ont pas hésité, récemment, à supprimer les références à ces termes (start-up, Internet, dotcom,etc...) car "ça faisait mauvais genre". L'irrationnel fait donc irruption un peu partout.Les jeunes entrepreneurs de la Net-économie attribuent aussi une part de la nervosité des capital-risqueurs au fait que, les sorties en Bourse n'étant plus possibles à l'heure actuelle, certains n'avaient pas prévu de rester investis sur le long terme, tablant sur une introduction en Bourse rapidement après leur entrée. L'enquête confirme par ailleurs que la notion de chiffre d'affaires devient un point central de la prise de décision en matière d'investissement. Il devient nécessaire de "produire un premier exercice comptable" et de "montrer des clients concrets". Mais, là-encore, attention à l'irrationnel : la courte existence des jeunes pousses ne leur a pas donné le temps de constituer ce chiffre d'affaires les rendant crédibles auprès des capital-risqueurs.Côté financement, l'enquête confirme que les deuxième et troisième tours de table deviennent plus difficiles à réaliser. Mais le niveau moyen de financement atteint 125,6 millions de francs pour un troisième tour. A noter aussi que 44% des fonds levés proviennent d'investisseurs étrangers, dont 10% ne sont pas implantés en France.Pour passer à travers l'orage, nombre de jeunes pousses ont donc pris des mesures draconiennes : réduction des dépenses de fonctionnement, cessation de certaines activités, annulation des dépenses de communication, révision de fond en comble du modèle économique, arrêt des recrutements, recherche d'alliances, pratique de plus en plus importante de la location-achat de matériel, négociations avec les banquiers sur les découverts bancaires et jonglage pour gérer la trésorerie.Les bonnes nouvelles se situent du côté des chiffres sur l'activité : entre 2000 et 2001, les start-up prévoient que leur chiffre d'affaires moyen passera de 7,7 à 21,6 millions de francs. Dans le même temps, le résultat net - certes négatif - devrait s'améliorer, passant de -6,4 millions à -3,3 millions. Mieux, 38% des jeunes pousses interrogées devraient soit atteindre l'équilibre financier, soit gagner de l'argent cette année.Thierry Michel
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