Quand Bush s'emmêle dans l'économie

Les Républicains ne se sentaient plus d'aise. La victoire éclatante de leur parti aux élections législatives de mi-mandat, en novembre dernier, laissait présager un avenir radieux pour les réformes que l'équipe Bush souhaite accomplir, en particulier en termes de fiscalité. Le but : doper le moral des consommateurs en leur offrant de quoi dépenser un peu plus. Mais à force de bomber le torse, on se fait des ennemis. Surtout quand on fait n'importe quoi. Certes, le président a décidé, vite fait bien fait, de liquider son secrétaire au Trésor, Paul O'Neill, et son conseiller économique, Larry Lindsey, pour les remplacer par deux battants, Paul Snow et Stephen Friedman. Mais ces derniers sont loin de faire l'unanimité. Au contraire, si le président considérait leurs prédécesseurs comme des chiffes molles, incapables de vendre ses idées aux élus du Congrès, il a bizarrement choisi deux personnages dont la principale caractéristique est de détester les déficits... Snow n'a-t-il pas déclaré au cours de la campagne présidentielle de 2000 que la principale préoccupation de George Bush devrait être de renouer avec un excédent budgétaire ? Friedman, considéré par ses ennemis comme un démocrate, n'estime-t-il pas quant à lui que les déficits sont dangereux ? Comment, dans ces conditions, vendre une réduction d'impôts qui creusera forcément le déficit? Le doute quant aux capacités de la nouvelle équipe a été tel que les petites mains de la Maison Blanche ont passé des heures et des jours à téléphoner aux ténors de la droite reaganienne, celle de l'économie supply-side, pour calmer le jeu. Pendant ce temps, les Démocrates jubilent. D'autant qu'au delà de la philosophie de Snow et de Friedman, c'est un débat beaucoup plus vaste, une vraie boîte de Pandore, qui vient d'être ouvert : celui de savoir si les cadeaux fiscaux réclamés par Bush arriveront à point nommé pour être efficaces. Et là, ce sont les gouverneurs de la Réserve Fédérale qui ont apporté leur pierre à l'édifice, en déclarant dans leurs dernières "minutes" que tout cela viendrait sans doute trop tard. Autre débat qui se dessine, celui de savoir à qui profiteront les cadeaux fiscaux : aux riches ou aux pauvres ? Là encore, les Démocrates espèrent bien tirer leur épingle du jeu en imposant certaines de leurs idées en la matière... Pour l'heure, ce débat n'est pas tranché. Mais il est clair que si les réductions arrivent trop tard, et qu'elles ne font que creuser le déficit et renchérir les taux d'intérêt, la réponse est simple : elles ne profiteront à personne. Et sûrement pas à George Bush...
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