Moins de liquidités en Europe en juin

Le dernier argument de Wim Duisenberg pour remonter les taux de la BCE est en train de disparaître. Alors que l'inflation de la zone euro est redescendue en juin sous la barre des 2% et que l'économie peine à retrouver une véritable croissance, le président néerlandais de la banque européenne mettaient en avant depuis quelques semaines l'importante hausse de la masse monétaire M3. Cet afflux de liquidités faisait craindre une accélération des prix à moyen terme. La croissance de M3 est en effet perçu comme un indicateur de l'inflation future.Ce matin, on a appris que la croissance de M3 commençait à s'apaiser. En juin 2002, cet agrégat de masse monétaire n'a progressé que de 7,1% par rapport à juin 2001, son plus bas niveau depuis neuf mois. La plupart des économistes attendaient une stabilité de la croissance de cet agrégat à 7,7% annuels. Il s'agit donc d'une véritable surprise. Sur trois mois, la croissance de M3 se stabilise à 7,6%.Certes, la croissance de M3 reste nettement supérieure au niveau théoriquement accepté par la BCE qui est de 4,5% annuels. Mais la situation est particulière. La chute des marchés financiers a en effet incité les investisseurs à vendre leurs actions et donc à détenir des liquidités. Ces liquidités ne sont pas pour autant destinées à être dépensées dans le circuit économique et donc à alimenter l'inflation. Il s'agit d'une période transitoire d'attente où l'on se demande si on va réinvestir son argent en action ou sur d'autres modes de placement. En juin, il semble donc que l'on sorte progressivement de cette période transitoire. Les liquidités sont réinvesties, par exemple dans des obligations d'Etat. Par ailleurs, une des composantes de M3 les plus observées par la BCE, celle du crédit au secteur privé, a connu une stabilisation en juin, nouvelle preuve de l'accalmie sur le front de la masse monétaire.La BCE aura donc de plus en plus de mal à faire croire à une remontée rapide de ses taux. La légère reprise annoncée hier de l'inflation allemande n'y suffira pas. La première projection montre en effet une hausse des prix outre-Rhin de 0,2% en juillet. Mais, sur un an la hausse n'est que de 1,1% et cette inflation semble principalement liée à des facteurs saisonniers. Ce matin, le gouverneur de la banque de Grèce Nikos Garganas a réitéré les craintes exprimées hier par Wim Duisenberg : l'inflation devrait être un peu au-dessus de 2%. Cela ne sera toutefois pas suffisant pour inquiéter les marchés. Un tel taux serait en effet la meilleure performance de la BCE en termes d'inflation depuis deux ans. La BCE ne pourra certainement pas prendre le risque de relever ses taux pour atteindre 2% alors que l'économie européenne est dans un état de stagnation évident. Les marchés ne s'y sont pas trompés et le contrat interbancaire à terme Euribor reculait de 0,3% à 18 heures.
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