KPNQwest s'effondre en Bourse après son dépôt de bilan

Suspendue depuis la démission, jeudi matin, des cinq membres du conseil de surveillance, la cotation de KPNQwest a repris vendredi en très forte baisse, le groupe ayant, dans l'intervalle, annoncé s'être placé sous la protection de la loi sur les faillites, opération équivalant au dépôt de bilan. Accusant une chute de 65,52% dans les premiers échanges à la Bourse d'Amsterdam, l'action KPNQwest perdait 37,93% en clôture à 0,36 euro. Le titre, qui valait 15 euros il y a un an, cotait encore à 3,50 euros début avril alors que les difficultés s'accumulaient. Mais la perspective d'une faillite pure et simple est désormais la plus probable, les créanciers ne semblant pas prêts à réinjecter des capitaux pour éviter une vente des actifs. Dans le communiqué annonçant le dépôt de bilan, KPNQwest a certes expliqué qu'il "continue son dialogue avec des investisseurs stratégiques et travaille avec ses banques et conseillers pour trouver des financements alternatifs". Mais déjà, des rumeurs de vente par appartements circulent, citant les noms de Telefonica ou d'AT&T comme repreneurs partiels potentiels. La direction du groupe devait rencontrer dans la journée les deux administrateurs provisoires désignés par justice, qui a fixé au 3 septembre la fin du moratoire. Si aucune solution assurant la continuation de l'activité n'est trouvée d'ici là, KPNQwest devra se résoudre à la liquidation.Le départ des administrateurs, jeudi matin, entérinait le refus des principaux actionnaires (principalement l'Américain Qwest, propriétaire de 44% du capital, et le Néerlandais KPN, qui en possède 40%) de participer à un refinancement, vital pour la société. Car le groupe est en proie à une véritable hémorragie financière : la perte du premier trimestre pourrait avoisiner 283 millions d'euros, comme l'avait laissé entendre lundi KPN en publiant ses propres résultats trimestriels. Elle aura donc plus que doublé par rapport à celle du quatrième trimestre 2001 et dépassera le chiffre d'affaires, qui devrait se situer aux alentours de 200 millions d'euros. La dette du groupe, accumulée pour construire un réseau de fibre optique de 25.000 kilomètres reliant 60 villes dans 18 pays, dépasse les deux milliards d'euros. KPNQwest a précisé que "les banques détiennent une part substantielle des actifs de l'entreprise comme collatéraux, y compris la majeure partie du reliquat de trésorerie". Les banques, explique-t-il, exigent des ventes d'actifs en guise de préalable à tout refinancement, ventes d'actifs qui n'ont pour l'instant pas pu être conclues. "Aucune assurance ne peut être donnée sur la conclusion d'un accord", poursuit le communiqué.Sans être menacé d'une situation aussi critique, la maison mère américaine de KPNQwest est elle aussi dans une passe difficile : Standard & Poor's a en effet ramené la note de Qwest au même rang que les "junk bonds" (littéralement "obligations pourries"). Pour expliquer sa décision, qui rétrograde la note à long terme du groupe de BBB- à BB+ et la note à court terme de A3 à B, l'agence souligne "la faiblesse continue de l'économie et les menaces concurrentielles persistantes, susceptibles de faire pression à court et à long terme sur les performance financières et opérationnelles de Qwest". La dette de Qwest atteignait 26,5 milliards de dollars au 31 mars (pour une capitalisation boursière tombée à moins de 8,5 milliards). Le groupe a récemment mis en vente sa division annuaires, dont il espère retirer, avant la fin juin, 8 à 10 milliards de dollars destinés à le désendetter partiellement. Mais il envisage aussi de se séparer de ses activités mobiles, de ses émetteurs, de la partie de son réseau couvrant les zones rurales et de sa filiale de câble au Nebraska...
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