Eiffage lorgne les nouvelles privatisations d'autoroutes

Alors que l'Etat a lancé il y a peu un appel d'offres sur "la stratégie d'évolution des entreprises publiques du secteur autoroutier", les candidats à une possible extension des privatisations (après les ASF au printemps) se manifestent de plus en plus. Jeudi matin, le groupe de BTP Eiffage a indiqué, via son PDG Jean-François Roverato et comme il l'avait déjà laissé entendre en début de mois, qu'il "s'intéressera au processus de privatisation d'autres sociétés autoroutières que les ASF". Il a notamment estimé à 4.000 kilomètres le parc autoroutier privatisable.Et pour cela, il serait prêt à sacrifier ses participations actuelles. Il n'exclut donc pas de vendre les 17% qu'il détient dans Cofiroute (Vinci en a 65% et Colas 16,7%) ainsi que sa part de 0,78% dans les ASF (Autoroutes du Sud de la France). Eiffage avait acquis ses titres ASF au moment de la privatisation. Il agissait alors de concert avec Vinci, lequel avait pris environ 16% du capital de la société autoroutière.Si Eiffage s'intéresse de près aux nouveaux dossiers, c'est qu'il ne se sent pas de taille à lutter sur celui des ASF. "Eiffage ne peut pas avoir la même capacité stratégique et financière que Vinci, qui a dépensé un milliard d'euros, et est prêt à en dépenser davantage, et qui détient 65% de Cofiroute, alors que nous n'en détenons que 17,1%", a déclaré Jean-François Roverato.Il est vrai que Vinci n'a jamais caché son souhait de monter au capital des ASF et semble décidé à mener à bien ses projets. Récemment, il a notamment évoqué le scénario suivant. Vinci pourrait éventuellement acquérir quelques titres sur le marché mais pas au-delà d'un tiers du capital. Car il serait contraint de lancer une OPA sur le reste des titres et verrait son endettement exploser. La solution pour Antoine Zacharias serait plutôt d'apporter Cofiroute aux ASF. Il obtiendrait par ce seul apport 40% de la nouvelle structure. Toutefois, le management des ASF ne semble pas favorable aux projets d'Antoine Zacharias et il restera bien entendu à voir si une dilution sans apport de cash peut séduire l'Etat-actionnaire, lequel doit conserver ses 50,4% jusqu'à la fin du mois. La réponse n'est pas encore connue. Mais face à la pression exercée par Antoine Zacharias, le groupe ASF a déjà réagi dans un communiqué indiquant "que rien n'est joué concernant l'évolution de son capital. L'émergence d'un grand pôle privé autoroutier ne va pas forcément de soi." Un point de vue, précisent les ASF, qui est partagé par leur actionnaire principal.En se retirant des ASF, Eiffage pourrait donc se dégager d'un dossier où il n'aura que très peu de poids. Néanmoins, il risque tout de même de retrouver bientôt Vinci sur sa route. Car, si la priorité du groupe d'Antoine Zacharias concerne les ASF, il pourrait aussi se laisser tenter par des prises de participation dans d'autres sociétés privatisées.
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