France Télécom ne s'éclate pas

Les schémas circulaient déjà. Au plus fort de la crise qu'a traversée France Télécom au sortir de l'été 2002, certains "analystes" pariaient haut et fort que l'opérateur public, étranglé par 70 milliards de dettes, ne pourrait faire autrement que de se résoudre à l'éclatement de ses différentes activités. Après tout, dans une situation similaire en plusieurs points, BT en était passé par là. L'opérateur britannique avait en effet donné une autonomie complète à BT Wireless, sa branche téléphonie mobile, devenue mmO2 à sa cotation en Bourse. Puis, il avait établi une séparation nette entre ses autres activités (distribution, services aux entreprises, Internet et internationales). Une séparation du réseau et des services avait même été envisagée. Pierre Danon, le président (français) de BT Retail, n'a eu cesse de le répéter à l'époque : "Nous ne croyons plus aux opérateurs intégrés".De ce côté-ci de la Manche, personne ne croyait sérieusement que le gouvernement validerait un schéma équivalent. Mais l'ampleur des difficultés de France Télécom donnait du crédit à ceux qui, alarmistes ou opportunistes, prônaient que France Télécom laisse une totale liberté à Orange, sa filiale pour les mobiles. Céder au marché le numéro deux européen du portable (leader en France et en Grande-Bretagne) aurait ainsi contribué à redresser sa maison mère. Pour Wanadoo, l'intérêt financier aurait assurément été moindre, mais la même logique se serait imposée à terme pour une entreprise qui compte dans le marché européen de l'accès à Internet.Malgré une situation financière très tendue, Thierry Breton n'a pourtant pas été mis à la tête de France Télécom dans cette optique. Sans le soutien de l'Etat matérialisé par l'avance d'actionnaire de 15 milliards d'euros et la promesse d'une recapitalisation d'au moins 9 milliards d'euros, les choses auraient sans doute été différentes. Mais, fort de cet appui, Thierry Breton a pu dès lors avancer que son plan industriel ne remettra pas en cause l'intégrité de France Télécom. Mieux, il la renforcera.Selon lui, avec Orange, Wanadoo et Equant (services aux entreprises), France Télécom doit continuer à couvrir à lui seul l'ensemble des segments du marché des télécommunications. Son insistance à parler de "re-centraliser" certaines fonctions comme la recherche et le développement ou à "développer les synergies" entre les différentes entités du groupe laisse en tout cas supposer que le précédent président avait peut-être un peu trop lâché la bride aux filiales. Leur reprise en main pourrait prendre du temps mais les changements de management ont déjà commencé avec les récents départs des patrons d'Orange et Wanadoo. Un rachat des minoritaires de ces deux entreprises, pour les retirer de la cote, est même régulièrement évoqué. Ce serait l'apogée.
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