La BCE campe sur ses positions

Un mois après avoir réduit d'un demi-point le niveau de son principal taux d'intérêt directeur dans la zone euro, à 2,75%, la Banque centrale européenne (BCE) est cette fois restée l'arme au pied. Ce statu quo était largement anticipé. En conséquence, ni les marchés financiers, ni les marchés des changes ne manifestent de réaction particulière après cette décision. La BCE avait réduit le loyer de l'argent le 5 décembre 2002, notamment pour venir au secours de la croissance dans la zone euro, procédant à sa sixième baisse de taux depuis le lancement de l'euro en janvier 1999. La Banque d'Angleterre a elle aussi opté aujourd'hui pour le statu quo monétaire, laissant inchangé pour le quatorzième mois consécutif son principal taux d'intérêt à 4%.Depuis cet assouplissement de la politique monétaire, l'état d'esprit des banquiers centraux n'a guère évolué, tout comme la situation économique. Wim Duisenberg, le président de la BCE, considère toujours comme "l'hypothèse la plus probable" que les prix se stabilisent "dans le courant de 2003 à moins de 2%", soit en deçà du seuil maximal toléré par les banquiers centraux. Concernant le niveau de l'activité, l'institut de Francfort admet que "des risques de contraction de la croissance demeurent" mais que "des taux bas devraient les contrebalancer". Wim Duisenberg se risque même à parier que "la zone euro atteindra son potentiel de croissance dans le courant de 2003" (ndlr, on estime ce potentiel de croissance à environ 2,5%). Il exclut d'ailleurs une contraction de l'activité au premier trimestre, un scénario que de son côté la Commission européenne n'a pas tout à fait rejeté. Dans ses prévisions publiées ce matin, Bruxelles évoque une évolution du PIB sur les trois premiers mois de 2003 qui serait comprise entre -0,1% et +0,3%.Si la BCE et la Commission divergent un peu quant à leurs estimations de croissance, elles sont en revanche à l'unisson en ce qui concerne la nécessité de limiter les dérapages des finances publiques. Wim Duisenberg a ainsi répété que la BCE soutenait "les principes des avertissements et des procédures d'alertes" lancés par Bruxelles. En 2002, le Portugal et l'Allemagne ont reçu un avertissement pour des déficits publics dépassant la limite de 3% du PIB. La France a fait quant à elle l'objet d'une procédure d'alerte, le déficit de l'an dernier devant frôler dangereusement les 3% (lire ci-contre). Hier, Bruxelles a incité Paris à prendre les mesures nécessaires pour ne pas dépasser cette limite, ce à quoi le président Chirac a répondu ce matin que ce n'était pas "le moment de mener une politique budgétaire récessive" (lire ci-contre). A Francfort, on estime que les "réformes structurelles s'imposent, d'autant qu'il y a des risques de chocs économiques"."L'appréciation de l'euro ne pénalise pas la compétitivité européenne". Cette affirmation signée Wim Duisenberg devrait plonger dans la perplexité économistes et chefs d'entreprises inquiets de l'impact d'une hausse forte et durable de la monnaie européenne. Si l'on comprend le raisonnement du président de la BCE quant il se félicite de l'appréciation de l'euro comme facteur limitant la pression inflationniste (par le biais d'une moindre inflation importée), en revanche on voit mal l'intérêt des entreprises européennes à une hausse de la monnaie unique. Et pourtant, Wim Duisenberg est catégorique: la hausse de l'euro n'a aucun effet négatif sur la position concurrentielle de l'Europe par rapport au reste du monde. On se demande dans ce cas pourquoi les grandes entreprises américaines se démènent pour obtenir de la Maison Blanche l'abandon de la politique du dollar fort.
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