Levée de boucliers contre le nouveau service de Verisign

Depuis quelques jours, la polémique enfle autour de Verisign. La société de gestion de noms de domaine a en effet mis en place un nouveau service de re-routage des adresses de pages Web inconnues. Concrètement, lorsque l'internaute tape dans son navigateur une adresse Internet qui n'existe pas se terminant par .com ou .net, il est automatiquement dirigé vers Site Finder, le nouveau service de Verisign. Jusque là, c'étaient les fameuses pages "Error 404, site not found" qui apparaissaient. Officiellement, le porte-parole de la société, Brian O'Shaughnessy, a justifié la mise en place de Site Finder en évoquant son utilité pour les internautes. "Vingt millions de fois par jour sur notre réseau, des personnes se trompent dans l'orthographe des noms de domaine et ne trouvent pas ce qu'elles cherchent. La navigation sur Internet s'améliore grâce à des services comme Site Finder", a-t-il précisé. Une explication loin d'avoir convaincu les internautes et les entreprises. Principale accusation: Verisign aurait outrepassé ses droits, en mettant en place un service commercial à partir des recherches infructueuses des internautes, sans avoir reçu l'accord de l'Icann (l'organisme de régulation des noms de domaines). De fait, Site Finder offre certes un moteur de recherche mais également un annuaire de liens renvoyant vers des sites qui ont payé leur présence sur le service. Site Finder entre donc en concurrence directe avec d'autres fournisseurs d'accès Internet, comme MSN, qui proposent des services de ce type. Popular Entreprise, propriétaire du service de recherche Netster.com, demande 100 millions de dollars de dommages et intérêts à Verisign pour violation de la législation anti-monopole et pratiques anticoncurrentielles. La plainte a été portée devant la cour fédérale du Colorado.Concurrencer les fournisseurs d'accès, surtout les plus gros, est, pour certains, la première motivation de Verisign. "La société entre en conflit frontal avec Microsoft", explique Sébastien Bachollet, délégué général adjoint du Club informatique des grandes entreprises françaises (le Cigref). "Ce n'est pas la première tentative de ce genre de la part de Verisign, qui a déjà expérimenté ce type de service sur des noms de domaine plus réduits", ajoute-il. Outre le problème des pratiques commerciales, ce sont surtout les questions de sécurité et de respect de la vie privée qui inquiètent. Quelle utilisation va faire Verisign des données récoltées? Car, outre les sites erronés, les adresses mails mal orthographiées se terminant en .com ou en .net sont également interceptées par la société, avec indication de leur expéditeur. C'est en tout cas ce qu'affirme le Cigref. "La crainte, c'est de savoir que Verisign ait accès au contenu ou au moins à des quantités d'adresses e-mails", indique Sébastien Bachollet. Le Cigref assure avoir déjà reçu plusieurs plaintes de la part des entreprises, qui seraient en train de trouver des parades pour bloquer le nouveau service.Face à ces accusations, le porte-parole de Verisign a pourtant essayé de calmer les esprits en assurant que les données n'étaient pas conservées. Des propos qui n'ont pas tellement rassuré. L'Internet Software Consortium, une association à but non lucratif, accuse ainsi le nouveau service de réduire l'efficacité des filtres anti-spam. Il a donc créé un logiciel pour détourner Site Finder.Quoiqu'il en soit, les adversaires de Verisign affutent leurs armes. Le Cigref, qui représente 115 grandes entreprises françaises, met la dernière main à une lettre destinée à l'Icann, dont une copie sera remise au gouvernement français, au département du commerce américain et à la Commission européenne. L'Isoc, une association historique regroupant des acteurs majeurs du Net, est également en train de préparer une action.
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