STMicro ploie sous le coût des restructurations

Bien sûr, le marché des semi-conducteurs est entré dans une phase de redressement, et STMicroelectronics en profite. Mais le groupe a engagé un tel programme de restructuration que ses comptes en sont lourdement affectés: STMicro a ainsi annoncé la nuit dernière une perte nette de 49,1 millions de dollars pour le troisième trimestre, en chute libre par rapport au bénéfice de 131,2 millions de dollars d'un an plus tôt. Une contre-performance qui s'explique par une provision massive de restructuration de 193 millions de dollars.Présentant ses résultats trimestriels, le groupe franco-italien a certes confirmé la bonne tenue du marché des puces. Comme, ces derniers jours, ses concurrents Intel, AMD ou Texas Instruments, STMicro a annoncé une progression soutenue de son activité, avec un chiffre d'affaires qui s'est établi à 1,8 milliard de dollars sur le trimestre, en hausse de près de 10% par rapport aux chiffres de la même période en 2002. Des performances qui s'expliquent, selon le groupe, par la "croissance à deux chiffres des applications d'électronique grand public et des mémoires Flash par rapport au trimestre précédent" et qui dépassent tant les attentes de la compagnie que celles des analystes, qui visaient en moyenne un chiffre d'affaires de 1,74 milliard de dollars.Pas de miracle en matière de rentabilité, malgré tout: la marge brute du groupe s'est établie en ligne avec les prévisions de STMicro, à 35,1%. Ce qui correspond, affirme le communiqué du groupe, à "une situation sur les prix difficile et un plus faible taux d'utilisation de nos usines durant la première moitié du troisième trimestre". Le groupe a également été affecté par la hausse de l'euro vis à vis du dollar.Dans les mois à venir, STMicro s'attend à des évolutions similaires: bonnes performances de l'activité, amélioration modérée de la marge. Le groupe, qui occupe aujourd'hui la troisième place dans le palmarès des fabricants mondiaux de puces, indique ainsi que son "carnet de commandes pour le quatrième trimestre 2003 montre une solide croissance de la demande par rapport au trimestre précédent". Ce qui lui permet d'attendre pour les trois derniers mois de l'année une hausse séquentielle du chiffre d'affaires "comprise entre 6% et 12%". Mais alors que nombre d'analystes espéraient une révision à la hausse de ses objectifs de marge, il n'en est rien. STMicro précise en effet que, à taux de change égal, la marge brute s'établira "dans la fourchette précédemment annoncée de 36% à 37%, compte tenu de la récente coupure d'électricité en Italie, qui pénalise notre marge brute du quatrième trimestre d'environ 50 points de base". Car avant que la rentabilité de STMicro ne puisse réellement progresser, il lui faut mener à bien la restructuration de ses activités. Le groupe a ainsi précisé les usines qui seront affectées par le plan de modernisation qui n'était jusqu'ici que partiellement connu: arrêt de la production de son site en technologie 6 pouces de Rennes en mars 2004, fermeture de sa ligne pilote 6 pouces de Castelletto (Italie) "dès que cela sera opérationnellement réalisable", réduction d'environ la moitié de la production de son site 6 pouces à Carrollton (Texas). En outre, la production de plaquettes 6 pouces à Agrate (Italie) et Rousset (France) sera progressivement abandonnée, au profit de la montée en puissance des lignes 8 pouces dans les unités existantes sur ces sites, qui seront agrandies ou modernisées. Tout cela a un coût: STMicro a donc passé dans ses comptes du troisième trimestre une charge de restructuration avant impôts de 193 millions de dollars (130 millions de dollars après impôts). Ce qui explique la perte nette de 49,1 millions de dollars affichée sur le trimestre, là où les analystes attendaient, selon Reuters, un résultat net hors charge exceptionnelle bénéficiaire de 77 millions de dollars.Et le groupe n'est pas au bout de ses restructurations: selon son communiqué, l'ensemble des efforts en la matière se traduiront dans les dix-huit mois à venir "par une charge totale avant impôt d'environ 350 millions de dollars (240 millions de dollars après impôt), dont 50 % d'éléments non financiers".Reste que le groupe, qui avait diminué ses investissements l'année dernière face à la crise du marché des puces, a décidé de repartir de l'avant. Ses investissements devraient augmenter de 33% l'année prochaine, à 1,6 milliard de dollars, dont 50% alloués à des programmes de R&D stratégiques et à des technologies avancées. En fin de séance, le marché réagit très négativement: le titre chute de 5,25%, à 22 euros, dans un marché, il est vrai, très mal orienté.
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