Le feuilleton Air Lib prend un tour dramatique pour les 3.200 salariés de la compagnie aérienne. Le PDG du groupe néerlandais Imca a fait savoir ce matin, par une lettre adressée aux personnels, qu'il a décidé de jeter l'éponge.Dans ce courrier, parvenu également à l'AFP, Erik de Vlieger annonce qu'Air Lib "a été ruinée" et que face à l'attitude de doute des personnels, il est "amené à prendre la décision de repartir". "L'attitude des pilotes et plus généralement des personnels navigants et l'absence d'un oui clair aux propositions de gain de productivité est un vote de défiance à mon égard. Le bénéfice du doute m'est refusé, ce qui est extrêmement blessant", déclare le patron d'Imca.Plus tôt dans la matinée, Erik de Vlieger avait fait savoir qu'il adresserait un ultimatum aux salariés de la compagnie aérienne pour que ces derniers acceptent son plan d'amélioration de la productivité. Faute de soutien, il n'avait pas caché son intention de renoncer à investir dans l'entreprise en difficulté. Le PDG d'Imca exigeait une amélioration de la productivité d'Air Lib de 30%. Selon lui, seulement un quart de cette amélioration, soit 7,5%, devait être directement réalisé par le personnel. Hier soir, une réunion entre Erik de Vlieger et les syndicats avait tourné court après que certains syndicats aient refusé de souscrire au plan d'amélioration de la productivité.Du côté des syndicats, c'est la stupéfaction. Le SNPL, la principale organisation de pilotes chez Air Lib, affirme ne pas comprendre la décision du PDG d'Imca. Selon ce syndicat, le personnel navigant n'a jamais refusé un plan de réduction des coûts, et il espère qu'il s'agit seulement d'une stratégie de "bras de fer" de la part d'Erik de Vlieger. Au sein de la CFDT, on croise les doigts pour qu'il ne s'agisse que d'une "fausse sortie" destinée à provoquer "un sursaut des salariés". Pour la CFTC, Erik de Vlieger était "venu chercher une bonne raison pour sortir du dossier" de reprise de la compagnie. Opinion partagée par la CGT qui estime que le patron d'Imca "a sauté sur n'importe quelle occasion pour claquer la porte". Si la situation reste en l'état, l'avenir d'Air Lib s'est considérablement assombri depuis ce matin. De l'aveu même de la CFTC, l'hypothèse "la plus pessimiste, mais qu'on peut commencer à envisager," est une "liquidation au 31 janvier". Et en effet, pour Air Lib, le départ d'Imca pourrait sonner son arrêt de mort. Engluée dans les problèmes financiers avec des dettes publiques qui se montent à environ 120 millions d'euros et des arriérés de paiement de charges courantes de 90 millions d'euros, la compagnie voit les échéances capitales se rapprocher. C'est en effet vendredi qu'expire la licence d'exploitation de la société. Les avions d'Air Lib pourraient bien être définitivement cloués au sol, maintenant que le seul investisseur intéressé semble avoir décidé d'abandonner la partie.A moins qu'il ne s'agisse que d'un coup de bluff. La question peut être posée, dans la mesure où un représentant d'Imca participe cet après-midi à la réunion de conciliation programmée depuis hier. Sont donc présents autour de la table le bras droit d'Erik de Vlieger, la direction d'Air Lib, le conciliateur Me Hubert Lafont et des représentants du gouvernement. Pour la direction actuelle d'Air Lib, une "mobilisation massive" des salariés pourrait faire revenir le PDG d'Imca sur sa décision, "sinon, ça veut dire que c'est fini, que c'est le dépôt de bilan", assure Pascal Perri, le porte-parole de la direction d'Air Lib.Message entendu. L'intersyndicale d'Air Lib, soit 10 syndicats, a déclaré dans l'après-midi dire "oui" aux "propositions de négociations de gains de productivité" présentées par Imca. L'intersyndicale juge donc "incompréhensible" le retrait d'Erik de Vlieger et refuse de se voir imputer une quelconque responsabilité dans cette décision. Dans ces conditions, un nouveau coup de théâtre, sous forme de revirement d'Imca qui reviendrait sur scène dans le rôle du "sauveur providentiel n'est pas exclu...

latribune.fr

20 Oct 2008, 1:31

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