Le transport aérien pique du nez

Le ciel se couvre pour les compagnies aériennes. Du moins c'est ce que laisse penser le discours d'EasyJet à la suite de ses résultats semestriels à fin mars. S'il est parvenu à réduire sa perte avant impôts de 24,4 à 18,5 millions de livres (alors même que les vacances de Pâques trop tardives n'ont eu aucun effet sur la période), le transporteur - longtemps envié pour ses résultats presque insolents - s'est inquiété des effets de la concurrence croissante que se livrent les compagnies.Se voulant désormais "prudent" sur les perspectives annuelles de son groupe et non plus "prudemment optimiste", le directeur général Ray Webster s'est montré soucieux face aux "tarifs non rentables et irréalistes fixés par les compagnies aériennes, dans tous les secteurs de l'aérien en Europe".Il a beau avoir ajouté que sa compagnie était "bien placée pour l'avenir", l'atterrissage est brutal en Bourse à la suite de ces déclarations. A Londres, l'action EasyJet plonge de plus de 25%, à 219 pence. Et elle n'est pas la seule. Les investisseurs estimant certainement que cette concurrence grandissante pourrait avoir des répercussions sur la rentabilité des autres compagnies, c'est l'ensemble du secteur qui est sous pression mercredi. Plus directement concerné, car appartenant au segment "low cost", Ryanair lâche 3,39%. Mais les transporteurs "traditionnels" sont tout aussi affectés. En fin de journée, Lufthansa perd 3,17% et British Airways 1,77%. Enfin, à Paris, les nouvelles synergies envisagées entre Air France et KLM (voir ci-dessous) et la remontée du marché en fin d'après-midi ne suffisent pas à soutenir l'action Air France, qui recule de 0,82% à la clôture.Si la réaction peut paraître exagérée à la seule vue des perspectives dévoilées par EasyJet, il faut aussi reconnaître, à la décharge des investisseurs, que le reste de l'actualité du secteur n'incite guère à l'excès d'optimisme. Car en Italie, on en n'est plus à parler d'horizon moins favorable mais bel et bien de faillite. Actuellement, Alitalia joue effectivement une partie serrée (voir ci-contre).Certes, il n'a pas échappé aux observateurs que le spectre du dépôt de bilan agité depuis hier est surtout un argument dans le bras de fer que se livrent les syndicats et le gouvernement (actionnaire majoritaire et qui estime qu'Alitalia a aujourd'hui trop d'employés). Toutefois, la compagnie ne pourra faire l'économie d'une restructuration. D'abord parce que ses liquidités ne sont plus que de 200 millions d'euros. Ensuite, parce que son assainissement financier est une condition à l'alliance avec Air France-KLM qui pourrait la relancer.Cette affaire est en tout cas suivie de près par la Commission européenne, qui n'avalisera une aide de l'Etat italien que si elle est remboursable. Surtout, elle montre que si le secteur est parvenu à traverser la tempête de l'après 11 septembre, il n'est pas pour autant tiré d'affaires.Air France-KLM confiant sur les synergiesTranchant avec la morosité ambiante, Jean-Cyril Spinetta, le PDG d'Air France, a annoncé mercredi que les synergies issues du rapprochement avec KLM pourraient être plus importantes que prévu sur la période 2004-2005. "Nous avons la conviction (...) que ce chiffre de 65 à 75 millions d'euros est un chiffre minimal et que la réalisation pourrait être supérieure", a-t-il affirmé. Pour l'exercice suivant elles devraient atteindre 110 à 135 millions d'euros. Enfin, le chiffre de 500 millions d'euros évoqué à un horizon 2008-2009 semble "plus que jamais atteignable", selon Jean-Cyril Spinetta.
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