Jacques Chirac sur tous les fronts

Tous azimuts. Au cours de la présentation des voeux présidentiels aux "forces vives de la nation", ce matin à l'Elysée, Jacques Chirac a multiplié les déclarations. Parmi les principaux thèmes abordés par le président de la République devant le patronat, les syndicats et le milieu associatif, ont figuré ceux de la stabilité gouvernementale, de l'économie, de la fiscalité, de l'innovation et de la poursuite des réformes.En préambule, Jacques Chirac a tenu à préciser qu'il souhaitait la stabilité de son gouvernement. De quoi faire taire les nombreuses rumeurs faisant état d'un départ prochain du Premier ministre actuel, Jean-Pierre Raffarin, ballotté depuis de longs mois dans les sondages d'opinion. Il a notamment déclaré que "la force" et "l'équilibre" des institutions passaient "par un gouvernement stable, capable de mener dans la durée les projets nécessaires pour l'avenir de notre pays".Une fois cette mise au point politique effectuée, le président de la République a abordé le volet économique de son allocution, en se déclarant "confiant dans la dynamique de croissance de notre pays pour les mois et les années qui viennent". Parmi les mesures annoncées figurent une augmentation de 5% du Smic dès le 1er juillet prochain, la poursuite de la baisse de l'impôt sur le revenu en 2006 et la réforme de la taxe professionnelle inscrite au budget 2006. Cette réforme "permettra un allègement substantiel et permanent pour les entreprises et d'abord les entreprises industrielles", sans "obérer les finances des collectivités locales", a-t-il précisé.Toujours au volet économique, il a annoncé la création d'une "Agence pour l'innovation industrielle", financée par une partie des recettes de privatisation. Objectif de cette agence dont le budget devrait s'élever à 2 milliards d'euros d'ici à 2007: soutenir les projets français dans les secteurs d'avenir. "Il faut être à l'offensive pour aller à la conquête des marchés de demain. Il faut se redonner les moyens d'une grande ambition industrielle. C'est à mes yeux une priorité nationale. Notre responsabilité, aujourd'hui, c'est de lancer les programmes Airbus ou Ariane de demain".Jacques Chirac demande également à son équipe gouvernementale d'étudier une "modulation de la fiscalité" permettant de soutenir l'épargne et l'emploi. En bref, taxer davantage les spéculateurs et alléger l'impôt pour les investisseurs de long terme. "Les plus-values immobilières sont exonérées d'impôts après quinze ans. Il faut en faire autant pour l'investissement en actions, qui crée de l'activité. Et je souhaite que la prochaine loi de développement des entreprises adapte notre fiscalité pour encourager l'investissement dans les PME", a-t-il précisé.Le président de la République a ensuite évoqué les prochains chantiers de réforme. Il s'est notamment prononcé pour une modernisation du service public de l'emploi, en envisageant "de passer d'une démarche de coordination des moyens à une démarche de rapprochement des structures [Anpe et Unedic]. Les demandeurs d'emplois doivent bénéficier d'un point d'entrée unique dans ce service public". Il souhaite ainsi que la future convention entre l'Etat, l'ANPE et l'Unedic, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2006, "permette de mettre en place, pour chaque demandeur d'emploi, une prise en charge unifiée et personnalisée". Par ailleurs, reprenant les propositions de son Premier ministre énoncées dans son contrat 2005, il souhaite le développement "des emplois de services et d'aides aux personnes. Si nous avions le même taux d'emploi dans ces secteurs que l'Allemagne, c'est 1,7 million d'emplois supplémentaires que nous pourrions créer. Mais pour exploiter ces gisements d'emplois, il faut que le coût du travail reste compétitif. Pour cette raison, nous poursuivrons la baisse des charges. D'ici trois ans, il ne devrait plus y avoir de charges sociales pour les entreprises au niveau du Smic", a-t-il précisé.Concernant la réforme des lois Aubry, Jacques Chirac a approuvé "les nouveaux assouplissements négociés des 35 heures", affirmant que "la durée légale du travail n'est pas et ne sera pas remise en cause". Il réclame également un projet de loi "afin de parvenir à l'égalité salariale hommes-femmes dans un délai maximum de cinq ans".Enfin, au sujet de l'Europe, le président de la République prône également une réforme du Pacte de stabilité et de croissance communautaire. Il souhaite notamment que les dépenses d'investissement des Etats bénéficient d'un "traitement particulier" dans le Pacte de stabilité pour ne pas aggraver la situation d'un pays en faible croissance. Il a aussi réclamé "une meilleure coordination des politiques économiques qui associe et engage tous les acteurs - les Etats, le Conseil européen, la Commission, la Banque centrale - dans le respect du rôle de chacun".Une réforme du crédit hypothécaire à l'étudeLe président de la République s'est également prononcé pour "une réforme profonde du crédit hypothécaire". Objectif de cette mesure : réinjecter dans l'économie une part des richesses produites dans l'immobilier. Jacques Chirac souhaite également développer le micro-crédit afin de soutenir la consommation et l'investissement des ménages. La proposition d'une réforme du crédit hypothécaire, initiée par Nicolas Sarkozy lorsqu'il était à la tête de Bercy, a été récemment stigmatisée par la Banque de France. Dans un rapport, l'institution monétaire précise qu'en cas de retournement du marché immobilier, la consommation et l'accès au crédit pourraient s'en trouver durement affectés. De plus, en réduisant les coûts de transaction des emprunts immobiliers, cette réforme pourrait contribuer à accroître la demande de logements et donc à favoriser la surchauffe d'un marché immobilier à la limite de l'asphyxie.
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