L'heure de vérité pour François Pinault

Ses avocats l'avaient promis, François Pinault l'a fait. Depuis hier mardi, l'homme d'affaires témoigne à Los Angeles dans le cadre du procès Executive Life, comme ses avocats l'avaient annoncé à l'ouverture des audiences, à la mi-février. Signe peut-être que les choses se passent plutôt bien pour le milliardaire et son holding familial, Artémis, qui restent seuls désormais à défendre les intérêts du camp français. Le CDR, on le sait, a préféré transiger pour 600 millions de dollars, laissant le milliardaire breton faire face seul aux douze jurés tirés au sort. Convaincu qu'il n'a rien à se reprocher, que son adversaire est incapable d'apporter la preuve d'une quelconque culpabilité, et bien déterminé à récupérer une partie des 185 millions de dollars qu'il a dû verser à l'issue de la procédure pénale, en décembre 2003, François Pinault est donc descendu dans l'arène. L'occasion pour les jurés d'entendre l'histoire un brin édifiante de ce fils de paysan breton qui s'est hissé seul, à la force du poignet, parmi les plus grandes fortunes françaises. Un peu tendu dans les premiers instants, puis de plus en plus à l'aise au fur et à mesure que ses avocats déroulaient les questions répétées quelques heures plus tôt en petit comité, François Pinault a donné à Los Angeles toute la mesure de sa détermination. Dès que les poursuites ont été engagées, en 1999 contre le Crédit Lyonnais et en 2000 contre Artémis, il avait décidé de défendre crânement sa chance, quitte à ne pas s'encombrer des dommages collatéraux. Mais la justice américaine s'est montrée aussi coriace que le milliardaire. Malgré un accord de coopération conclu très tôt avec le parquet de Los Angeles, Artémis a en effet dû composer avec les autorités du département de la Justice. Et maintenant, au civil, il doit faire face à Gary Fontana, l'avocat du Commissaire aux assurances, qui ne veut pas céder un pouce de terrain. François Pinault non plus. La bataille, sans nul doute, ira jusqu'à son terme. C'est à dire jusqu'à ce que les neuf jurés soient appelés à délibérer et à décider si oui ou non le groupe de François Pinault porte une responsabilité dans l'affaire Executive Life. La prestation de l'homme d'affaires peut-elle les faire basculer? Rien n'est moins sûr. Evidemment, nous sommes aux Etats-Unis et la réussite ne suscite pas la même méfiance qu'en France. Mais au pays de l'oncle Sam, un dollar est un dollar. Que François Pinault se soit enrichi, cela peut passer. Mais au détriment des assurés californiens, cela reste à voir.
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