La BCE relève son taux directeur d'un quart de point

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé aujourd'hui à 13h45 sa décision de relever son taux directeur d'un quart de point, en le portant à 2,25%. Une décision adoptée à l'unanimité par le conseil des gouverneurs de la banque. Accusé de vouloir ainsi étouffer dans l'oeuf la croissance encore balbutiante de la zone euro, son président, Jean-Claude Trichet, a tenu à rassurer immédiatement, à l'occasion de la conférence de presse qui a suivi l'annonce. De fait, le ton de son discours s'est révélé bien moins alarmiste que les fois précédentes. D'une part, le terme de "forte vigilance" vis-à-vis de l'inflation, qui apparaissait jusqu'alors dans ses discours, n'a pas été employé cette fois-ci. Mais le président de la BCE considère désormais que la politique monétaire est "accommodante", et non plus 'très accommodante", comme il l'affirmait auparavant. "La politique monétaire reste accomodante même après une hausse des taux (...), la BCE ne va pas forcement s'engager dans une série de hausse des taux", a-t-il indiqué, tout en soulignant la nécessité de ce mouvement pour "maintenir la stabilité des prix long terme".S'il a maintenu sa prévision d'inflation de 2,2% en 2005 dans la zone euro, le gouverneur de la banque centrale a relevé ses anticipations de hausse des prix pour l'an prochain à 2,1% contre 1,9% prévu initialement. Par ailleurs, ses prévisions de croissance ont été relevées à 1,4% pour cette année, contre 1,3% auparavant. Levée de boucliersCette décision de relèvement des taux est tout sauf une surprise: la banque centrale s'était donnée beaucoup de mal pour faire savoir à tout le monde qu'elle prendrait une telle initiative aujourd'hui, mettant ainsi un terme à une période de taux inchangés depuis juin 2003. Jean-Claude Trichet, avait notamment annoncé expressément que la BCE était désormais "prête à réduire quelque peu le caractère accommodant de sa politique monétaire actuelle".Du coup, la nature de la décision d'aujourd'hui ne faisait aucun doute dans l'esprit des observateurs: les différents consensus d'économistes donnaient tous une unanimité ou presque d'opinions prévoyant un relèvement de 0,25% du taux directeur de la banque centrale, pour le porter à 2,25%. Il ne se trouvait que quelques voix discordantes pour anticiper un relèvement plus marqué, d'un demi-point, à 2,50%.La première depuis cinq ans, cette hausse des taux a suscité une levée de boucliers préventive de la part de très nombreux dirigeants politiques. Ce matin encore, le Premier ministre Dominique de Villepin a affirmé lors de sa conférence de presse que ce qu'il souhaitait, c'est que la BCE ne fasse rien "qui compromette la croissance en Europe. Vous voyez avec quelles difficultés nous nous battons pour conforter cette croissance". Cet après-midi, le ministre de l'Economie et des Finances Thierry Breton a également déploré le mouvement de la BCE, qui coûtera à la France "250 millions d'euros l'an prochain". Mais il en a tout de même relativisé la portée: "je note que la BCE a indiqué que ce mouvement des taux ne préfigurait pas une série de hausses. Je n'ai donc pas de raison de changer mon pronostic favorable sur l'évolution de notre économie dans les douze prochains mois", a ajouté le ministre.Avant eux, des responsables comme Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Luxembourg et président de l'Eurogroupe, avaient multiplié les mises en garde contre l'impact qu'aurait une hausse des taux sur la fragile croissance européenne. Mais les critiques sont également venues des milieux économiques, où l'OCDE, par exemple, a ouvertement appelé la BCE à ne pas relever ses taux avant la fin de 2006, quand la reprise se sera consolidée.Pour l'heure, les marchés semblent paradoxalement accepter ce tour de vis de la politique monétaire avec soulagement. Dans l'après-midi, le CAC s'inscrit en hausse soutenue de 1,23% à 4.623,4 points, tandis que l'euro fléchit face au billet vert, à 1,1715 dollar. Preuve non seulement que ce mouvement de la BCE était déjà intégré dans les cours, mais aussi que les marchés financiers prennent acte de la modération du ton employé par Jean-Claude Trichet. Un ton qui semble exclure toute intensification de la politique de rigueur de la BCE dans les prochains mois.
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