Créations d'emplois très décevantes en mars aux Etats-Unis

C'est une très grosse déception: l'économie américaine n'a créé que 110.000 emplois au mois de mars. Ce qui marque une forte chute à la fois par rapport à février, qui avait vu des créations d'emplois plus de deux fois plus nombreuses, et aux attentes des économistes, qui tablaient sur 213.000 créations.Les chiffres publiés aujourd'hui par le département américain de Travail témoignent donc de la difficulté persistante de la reprise de l'économie américaine à se traduire par un large mouvement de créations de postes. Le chiffre de mars est en fait le plus faible observé depuis juillet dernier.Pour ne rien arranger, les chiffres des deux premiers mois de l'année ont été revus à la baisse par les pouvoirs publics. En février, il ne s'est créé finalement que 243.000 emplois contre 262.000 estimés jusqu'ici, et en janvier, 124.000 au lieu de 132.000.Certes, en parallèle et paradoxalement, le taux de chômage a reculé le mois dernier, passant à 5,2% contre 5,4% en février. Mais les économistes sont unanimes à considérer que c'est le chiffre des créations d'emplois qui est le bon baromètre: quand la situation du marché du travail est tendue, nombre d'Américains renoncent à s'inscrire dans les ANPE locales, ce qui fait baisser le taux de chômage - et inversement.Bien sûr, la situation n'est pas catastrophique pour autant. Après tout, depuis un an, l'économie américaine a créé 2,1 millions de postes, ce que des pays comme la France et l'Allemagne peuvent regarder avec envie. Il n'en demeure pas moins que ce chiffre décevant montre une nouvelle fois que la reprise économique bien réelle des Etats-Unis - avec une croissance de 4,4% en 2004 (lire ci-contre) - a du mal à se traduire pleinement en créations d'emplois.En mars, le secteur tertiaire a créé 86.000 postes, grâce notamment aux services aux professionnels (27.000) et à la santé (23.000). La construction a également contribué positivement à l'emploi, avec 26.000 postes. En revanche, la distribution a supprimé 10.000 emplois et l'industrie 8.000.Cette médiocre performance ne devrait pas être sans répercussion sur le contexte macro-économique général des Etats-Unis. A l'heure où le moral des ménages est incertain - l'indicateur du Conference Board pour mars s'est établi à 102,4 contre 104,4 en février (lire ci-contre) - ces mauvais chiffres risquent de peser sur la consommation, qui demeure largement le premier moteur de la croissance du pays. Une indication supplémentaire de la fragilité du moral des ménages a d'ailleurs été donnée cet après-midi avec la publication de l'indice de confiance de l'Université du Michigan pour le mois de mars, révisé en baisse à 92,6 points après une première estimation de 92,9 points.Autant de facteurs qui pourraient inciter la Réserve fédérale à modérer ses envies de relèvement des taux d'intérêt. Alors que la Fed a clairement laissé entendre, lors de sa dernière réunion, que la montée des tensions inflationnistes pourrait l'amener à passer à la vitesse supérieure, la situation du marché de l'emploi écarte la perspective d'une hausse plus rapide des taux.Les marchés ont d'ailleurs réagi sur le moment par une chute immédiate du dollar par rapport à l'euro. Peu après la publication du chiffre des créations d'emploi, l'euro a bondi jusqu'à 1,3052 dollar, contre un plus bas de 1,2951 dans la matinée.Mais ce mouvement n'a pas duré et la devise américaine s'est rapidement reprise, aidée par la publication de bons indices ISM. L'indicateur d'activité du secteur industriel aux Etats-Unis, établi par le groupement national des directeurs d'achats des entreprises du secteur, s'est établi à 55,2 le mois dernier, contre 55,3 en février. Une performance légèrement supérieure aux attentes, les économistes ayant anticipé un chiffre de 54,9. Surtout, l'ISM des services s'est établi à 63,1, contre 59,8 en février, à un niveau beaucoup plus élevé, donc, que les 59 attendus. Réconfortant quant au niveau d'activité des entreprises américaines, ces chiffres ont permis au dollar de se rétablir et de passer sous les 1,29 dollar pour un euro.
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