La Thaïlande prête à reconduire au pouvoir son Premier ministre

C'est un Premier ministre confiant qui se présente dimanche devant les électeurs thaïlandais. Face à une opposition qui a quasiment jeté l'éponge, le parti Thai Rak Thai du Premier ministre Thaksin Shinwanatra est d'ores et déjà certain de remporter les élections législatives, et ce ne sont pas les crises à répétions (Sras, grippe aviaire, guerre contre la drogue, révolte musulmane, tsunami...) dont le pays a été la cible ces quatre dernières années qui devraient changer l'issue du scrutin.Il est vrai que le Premier ministre au style flamboyant peut se prévaloir d'un bilan économique flatteur. "La Thaïlande est aujourd'hui une des économies les plus robustes et dynamiques d'Asie", souligne Mira Kim, directrice de la Chambre de Commerce Coréenne de Thaïlande, "ses fondamentaux macro-économiques se sont assainis et le pays a retrouvé la confiance des milieux d'affaires". En quatre ans, la richesse nationale a augmenté de 35% et atteint désormais 171 milliards de dollars, tandis que les réserves de changes ont progressé de 50%, note un représentant de la mission économique française. La dette publique a également considérablement baissé, passant de 62% du PIB en 2001 à moins de 47%, tandis que le budget de l'exercice 2005 est équilibré pour la première fois depuis la crise de 1997. Principal moteur de la croissance, la consommation privée représente dorénavant 56% du PIB. Ces bons résultats économiques n'empêchent cependant pas les critiques. Pour le docteur Buranaj Smutharaks, porte-parole du parti démocrate, "le problème n'est pas que les affaires prospèrent, mais qu'elles sont uniquement centrées autour de Thaksin". Celui-ci a souvent joué la carte de la confusion entre les intérêts d'Etat et ceux de ses propres entreprises. "Il est sans doute celui qui a le plus profité du retour de la croissance", fustige Natchanok Padungsong, candidat du parti Mahachon à Bangkok. La Shin Corp, détenue à 39,3% par la famille du Premier ministre et vaisseau amiral de son empire des télécommunications, a vu son titre progresser de 11% en 2004 alors que l'indice boursier général a baissé de 13,5%. "Il place sa famille et ses amis à tous les postes clefs du pouvoir économique et politique", s'agace un homme d'affaires thaïlandais qui propose de rebaptiser le pays 'Thaksinland'. "Il n'y a pas un secteur où on ne les retrouve pas", enrage-t-il. Mais au gouvernement, on tempère en rappelant que Thaksin Shinawatra est le premier représentant de la société civile à aller au bout de son mandat et à ne pas avoir essuyé de coup d'Etat. "C'est une victoire de la démocratie et tant mieux si c'est bon pour l'économie", s'amuse Jakaprob Penkair, porte-parole du gouvernement.
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