L'investisseur Carl Icahn remet en cause la stratégie de Time Warner

Un air de déjà-vu. Après Michael Eisner chez Walt Disney ou Philip Purcell chez Morgan Stanley, serait-ce au tour de Richard Parsons, président de Time Warner, de faire l'objet d'une fronde d'actionnaire? Dans une lettre ouverte, le raider et milliardaire américain Carl Icahn, qui détient 2,6% du capital de Time Warner en commun avec d'autres minoritaires, met en cause la stratégie du groupe et le manque de volonté de sa direction de créer de la valeur pour ses actionnaires."Dans le monde des affaires il existe deux péchés capitaux: l'un est de prendre des décisions trop rapides sans réfléchir, l'autre est de ne rien faire du tout". Voilà comment Carl Icahn commence sa lettre en soulignant que la direction de Time Warner a déjà commis le premier et qu'elle est sur le point de commettre le second.Icahn met en cause la fusion de Time Warner et AOL, considérant que ce rapprochement n'a pas donné les résultats escomptés et que l'opération est "un désastre", cette fusion ayant détruit de la valeur. Pour lui, "plus de 87 milliards de dollars ont été provisionnés" ces deux dernières années, et "le manque à gagner dépasse 75% de la capitalisation du groupe". Il relève aussi qu'AOL a perdu près de 9 millions de clients depuis 2001 pendant que le groupe développait sa propre plate-forme de bande passante, "Road Runner", sans en faire profiter AOL.Par ailleurs, Carl Icahn critique les ventes récentes de certains actifs du groupe, ces cessions ayant été faites à "prix bradés" selon lui. Warner Music, vendu l'an dernier pour 2,6 milliards de dollars à des fonds d'investissement, est aujourd'hui valorisée près de 4,7 milliards selon le milliardaire américain.Il en va de même pour la vente de Comedy Central à Viacom en 2003. La transaction s'est faite à l'époque à 1,2 milliard de dollars, mais cet actif a été valorisé en août dernier par Morgan Stanley à 4,5 milliards. Ainsi "tout comme pour la vente de Warner Music, nous pensons que la direction a cédé Comedy Central dans le but de paraître proactif mais n'a réussi qu'à réaliser une perte de valeur pour les actionnaires", souligne Icahn.Enfin, dernier grief reproché à la direction de Time Warner, l'acquisition manquée de MGM. A l'époque du retrait de la course pour racheter MGM, Time Warner avait argué d'une "discipline fiscale" lui interdisant de poursuivre. Pour Icahn, il s'agit là encore d'une mauvaise gestion des prises de décisions internes, ayant entraîné une perte de temps qui a laissé Sony entrer dans la course.En conclusion, Carl Icahn considère que les efforts faits par la direction en cédant 16% de sa filiale câble et en entamant un programme de rachat d'actions de 5 milliards de dollars sont loin d'être satisfaisants. Il réitère donc sa demande faite en août dernier auprès de la direction du groupe, à savoir le désengagement total de l'activité câble et le rachat de 20 milliards de dollars d'actions.Ainsi, pour compléter sa demande, Carl Icahn ne souhaite pas de nouvelle direction mais la mise en place d'un administrateur indépendant au sein du conseil d'administration. Enfin, et surtout, le milliardaire américain demande ouvertement à ce qu'un actionnaire puisse siéger au conseil d'administration du groupe afin d'avoir une visibilité sur les actions engagées par la direction.En août dernier, le président de Time Warner, Richard Parsons, avait rencontré Carl Icahn, mais cela ne semble pas avoir calmé les velléités du milliardaire américain. Reste que le marché semble ne pas s'affoler de ces demandes à répétition. Le cours cède 0,06% à 18 dollars en début de séance à New York.
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