C'est la dernière fonctionnalité en test pour un téléphone mobile: celle de titre de transport. Bouygues Télécom expérimente auprès de 100 testeurs un téléphone mobile qui a les mêmes fonctions que le "pass" magnétique Navigo : un sésame pour franchir les portillons du métro parisien. Un coup de fil... et on recharge son abonnement métro. Ailleurs, à Caen, c'est Orange qui expérimente le paiement de la baguette de pain ou de sa place de parking avec un mobile. Monéo n'a qu'à bien se tenir, le mobile se revendique porte-monnaie électronique. Les opérateurs mobiles veulent nous en convaincre: s'il ne reste demain qu'un seul objet dans nos poches ou dans nos sacs à main, notre téléphone portable sera celui-là. D'ores et déjà, il arrive en tête dans les sondages, juste après les clés, des objets pour lesquels on remonte l'escalier si on l'oublie en sortant de chez soi. A plus forte raison s'il devient ticket de métro, porte-monnaie, carnet d'adresses, agenda ... Il commence déjà à devenir baladeur musical, et on lui prédit un bel avenir comme écran audiovisuel, lors de nos déplacements, pour visionner clips, buts de football, sketches des Guignols, bandes annonces de films, voire chaînes de TV en continu...Si les opérateurs mobiles voient juste, l'industrie des télécommunications va devenir l'interlocuteur incontournable et tout puissant de nombreux secteurs économiques... de la banque aux industries productrices de contenus culturels et de divertissement, sans parler des applications qui restent à inventer. Elle y est d'autant plus déterminée que c'est pour elle une question de vie ou de mort. Il est vital pour elle d'élargir la gamme de services qu'elle propose faute de quoi, elle se sait condamnée à terme: le spectre d'un Skype mobile, anéantissant les revenus de la voix, est un aiguillon permanent.Mais l'usager? Veut-il de ce téléphone à tout faire, inséparable de tous ses gestes quotidiens? Ou préfère-t-il des objets simples et spécialisés dans les fonctionnalités qu'il utilise en priorité, comme l'illustre le succès de l'iPod? L'essor des SMS, qui avait surpris les opérateurs, est là pour rappeler que l'usager n'est pas toujours là où on l'attend. Et il est multiforme. A lui d'écrire l'histoire de la prise de pouvoir des télécommunications.

latribune.fr

19 Oct 2008, 20:16

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