Accor amorce un nouveau départ

2005 sera-t-elle l'année du changement pour Accor? A en croire les récents événements, le groupe cherche un nouvel élan. Signe fort de cette volonté de se relancer, son président Jean-Marc Espalioux va de quitter le navire (voir ci-contre). Fin juillet, les principaux actionnaires du groupe - la Caisse des Dépôts, BNP Paribas, les deux co-fondateurs Gérard Pélisson et Paul Dubrule et le fonds Colony - lui auraient fait comprendre qu'il n'était plus l'homme de la situation.Propulsé à la tête d'Accor en 1997 par ses deux co-fondateurs, Jean-Marc Espalioux n'a semble-t-il, jamais réellement convaincu. A sa décharge, il a essuyé une importante crise touristique depuis les attentats du 11 septembre jusqu'à la guerre en Irak, sur fond de ralentissement économique. A la rentrée, et peut-être à l'occasion de la présentation des résultats semestriels le 7 septembre, le groupe pourrait annoncer le changement du management. Après huit ans de loyaux services, le départ de Jean-Marc Espalioux est un signe fort. Ce passage à une nouvelle ère est la conséquence, semble-t-il, d'un changement qui a eu lieu quelques mois plus tôt. L'arrivée du fonds ColonyEn mars dernier, le fonds d'investissement Colony Capital, avec qui Accor collabore depuis 1998, annonce qu'il va investir un milliard d'euros dans le groupe hôtelier. Colony a déboursé 200 millions d'euros de fonds propres et a opéré un LBO (leverage buy out - financement par la dette) pour les 800 millions d'euros restant. Plus qu'un simple investissement, Colony détiendra début 2007, et après conversion des obligations en actions, 10% du capital d'Accor. Il sera alors son premier actionnaire si le capital de l'hôtelier n'évolue pas de manière significative d'ici là.L'entrée de ce fonds d'investissement spécialisé dans l'immobilier redonne alors tous les espoirs au groupe et surtout aux marchés. D'ailleurs, le titre Accor a progressé de 22% depuis l'entrée de Colony au capital de l'hôtelier. Mais depuis l'arrivée de Jean-Marc Espalioux en 1997, le titre Accor avait été boudé par les investisseurs. Avant l'arrivée de Colony, le titre cotait 35 euros, soit le même niveau qu'à la fin de l'année 1997. Accor faisait alors partie des groupes les moins valorisés du secteur. Et c'est pour cela que le fonds américain a voulu y investir, sentant que sa valorisation avait une forte marge de progression.Pour les actionnaires d'Accor, Colony doit jouer le rôle de catalyseur. Gourmand, le fonds américain s'est fixé un seuil de rentabilité très élevé: 21% par an jusqu'en 2009. "Pour obtenir un tel retour sur investissement, le titre Accor doit atteindre 53 euros en 2009, ce qui est tout à fait possible", explique Virginie Blin, analyste chez Fideuram Wargny. Cap sur les pays émergentsPour réaliser ces performances, Accor doit améliorer ses résultats et surtout dégager du cash. Grâce aux investissements de Colony, le groupe va pouvoir se développer plus massivement dans l'hôtellerie économique mais surtout dans les pays émergents. A l'heure où l'économie européenne est plutôt morose, ces régions sont le nouvel Eldorado des groupes de tourisme et d'hôtellerie. La Chine, l'Inde, le Vietnam, la Russie, l'Europe Centrale se développent à grande vitesse alors que la croissance peut y frôler les 10%. Mais Accor lorgne aussi l'Inde, l'Amérique latine, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Tous les grands groupes hôteliers s'y sont implantés et Accor compte bien les imiter. Un tel développement offre des perspectives de croissance importantes qui sont une solution pour compenser le ralentissement du tourisme sur le Vieux continent. De plus, "la présence de Colony en Asie va aider Accor à s'y implanter plus rapidement", souligne Virginie Blin.En plus des pays émergents, Accor veut également se développer dans l'hôtellerie économique. Très présent sur le créneau haut de gamme, avec Sofitel ou Dorint, Accor a souffert de la crise dans le secteur du tourisme depuis 2001. L'hôtellerie économique serait un moyen de mieux résister aux crises car elle est moins cyclique que le haut de gamme. Mais ce recentrage sur l'hôtellerie dite économique va s'accompagner de cessions d'hôtels haut de gamme comme le souhaite Colony. Le fonds d'investissement, qui est déjà très présent dans l'hôtellerie économique, prévoit que le groupe Accor cède trente hôtels et dix Sofitel pour environ 300 millions d'euros.Avec du sang neuf, un nouvel élan et une politique claire, "les investisseurs attendent une stratégie plus lisible et moins généraliste de la part d'Accor", estime l'analyste de Fideuram Wargny, selon qui les activités du groupe sont un peu "éparpillées". Entre les hôtels, les chèques déjeuners, les casinos avec le groupe Barrière, la restauration et les services de train, Accor ratisse large, un peu trop. L'arrivée de Colony devrait contribuer à mettre un peu d'ordre dans le groupe. Il n'est pas inenvisageable que certaines activités non stratégiques comme la restauration puissent être cédées. Restera encore à régler le cas de la participation dans Club Med, dont l'intérêt est encore trop flou aux yeux des marchés.
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