OMC : après plusieurs mois de coma, le cycle de Doha tente de se ranimer

Le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce confirme la reprise technique des négociations.

Les négociations du cycle de Doha, le nouveau round commercial porteur d'une libéralisation accrue des échanges, peut-il encore être sauvé? Les élections américaines de mi-mandat, qui ont eu lieu au début du mois, tardent singulièrement à produire les effets positifs espérés sur l'attitude des Etats-Unis vis-à-vis de ces négociations multilatérales, à en juger par les premiers signes. Hier, Gretchen Hamel, le porte-parole du représentant américain au commerce (Ustr), Susan Swchab, a entonné le discours américain habituel dans le cadre de cette négociation sensible: "nous avons tous besoin de manifester de la flexibilité, y compris l'Europe", a-t-il déclaré, en réponse à l'appel lancé par Peter Mandelson, le commissaire européen, à une amélioration de l'offre américaine en matière de réduction des soutiens agricoles.

L'enjeu n'est autre que de relancer des négociations qui ont été suspendues en juillet par Pascal Lamy, directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), en raison des trop grandes divergences entre les membres de l'institution. La fenêtre pour reprendre et conclure le cycle est particulièrement étroite, "coincée entre la grand messe de Davos et la mi-mars", moment où le président Bush sera proche de l'expiration de son mandat de négociateur commercial (Trade promotion authority), explique un expert.

Depuis le lancement du cycle, en 2001, l'agriculture constitue le point d'achoppement principal des négociations. Les Etats-Unis incitent l'Europe à ouvrir davantage son marché agricole, tout en étant la cible du reste du monde qui reproche à la Maison Blanche ses soutiens aux agriculteurs américains. Parallèlement, les pays en développement (représentés par le G20) sont, eux, invités à abaisser leurs droits de douane sur les biens industriels et à ouvrir leurs services aux multinationales américaines et européennes.

Les négociations, qui ont repris de manière modestement technique la semaine passée, n'en sont pas encore au stade de revêtir un caractère formel, a averti Pascal Lamy: "c'est du travail de cuisine et les ministres qui prennent les décisions finales n'ont pas encore été invités dans la salle à manger", a-t-il ironisé. Mais selon lui la période d'interruption a permis de faire prendre conscience aux membres de l'OMC des risques encourus par l'économie mondiale en cas d'échec du cycle. Les pays en développement étaient les "plus acharnés" pour ce redémarrage, a-t-il dit.

Selon l'ONG "Third world network", la réunion informelle des têtes des délégations qui s'est tenue le 16 novembre à l'OMC a permis de situer les discussions actuelles "quelque part entre diplomatie discrète et négociations formelles", ces dernières se caractérisant par le chiffrage des concessions que sont prêts à formuler les pays. "Une reprise douce des pourparlers peut maintenant commencer", affirme l'ONG.

En attendant, Pascal Lamy juge "crucial que les contacts bilatéraux parmi les membres continuent à permettre de confronter les chiffrages et explorer l'étendue des concessions". Mais le risque de voir l'Europe et les Etats-Unis continuer à s'accuser mutuellement de ne pas faire suffisamment d'efforts pour libéraliser le commerce demeure élevé. D'ailleurs depuis quelques mois, les projets d'accords de libre échange, alternative un peu honteuse au multilatéralisme défendu par l'OMC, se multiplient.


Les projets d'accords de libre échange se multiplient
L'Europe n'échappe pas à l'engouement pour les accords de libre échange, signe d'une grande désespérance sur le front de l'OMC. L'union pourrait approuver dès le 6 décembre cinq mandats de négociations avec l'Asean, la Corée, les pays andins, ceux d'Amérique centrale et l'Inde. Ceux-ci seraient ensuite examinés par les groupes régionaux compétents au sein de l'Union et par le "comité 133", hauts fonctionnaires européens compétents en matière commerciale. Leurs conclusions seront ensuite soumises au Conseil des affaires générales vraisemblablement en mars, voire avril.

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