Présidentielle : les Finlandais voteront une deuxième fois

Il faudra un deuxième tour, le 29 janvier, pour départager les deux candidats pour la présidence finlandaise. Mais dans ce pays très consensuel, le débat ne fait pas rage...

Tarja Halonen, la présidente finlandaise socialiste, a raté son pari "historique" d'être réélue ce week-end dès le premier tour. Avec 46,3% des voix, elle doit revenir devant les électeurs le 29 janvier, Sauli Niinistö, candidat conservateur lui faisant face (24,1%). Malgré des sondages assurant à Halonen un triomphe à la romaine, l'électeur finlandais aura pris en compte la piètre image que la présidente sortante a donnée lors de sa campagne.

Tous les débats télévisés ont révélé une Tarja Halonen tendue, souvent confuse et irascible, fort éloignée de l'image de "Mère Moumine", bienveillante et maternelle, qu'elle a toujours voulu distiller. A l'inverse, Sauli Niinistö, est apparu détendu et serein, tirant grand parti de sa "traversée du désert", loin des affaires finlandaises, puisque cet ancien ministre des Finances est devenu directeur à la Banque européenne d'investissement (BEI) à Luxembourg dès 2003.

Pour autant, le débat d'idées de la campagne présidentielle n'aura pas violemment agité ce pays dominé par le consensus. Seule l'éventuelle entrée dans l'OTAN déchaîne un début de passion. Les performances économiques pérennes (2,9% de croissance du PIB au troisième trimestre 2005), la sécurité accordée par la disparition de l'URSS et l'élaboration d'une société équilibrée, sans tensions, procurent à la Finlande une indéniable sensation d'autosatisfaction. De même, les efforts du gouvernement pour maintenir la compétitivité de l'économie sont payants: dans son dernier rapport sur le processus de Lisbonne, la Commission européenne pointe en effet la Finlande au sommet du classement européen (ex-aequo avec la Suède).

Reste que la question de la sécurité finlandaise dans le monde à venir revient de façon lancinante. La Finlande n'a pas suivi ses voisins baltes dans le giron de l'OTAN, un refus compréhensible puisque ce pays n'a pas connu d'invasion, tout en parvenant à mettre en place d'exemplaires rapports de voisinage avec l'URSS, puis la Russie. Cette "lune de miel" se poursuit: en 2005, la Russie est redevenue le partenaire économique n°1 de la Finlande après une éclipse de quinze ans, due à l'effondrement de l'URSS.

Reste que la question suivante taraude les Finlandais: comment évoluera la Russie des prochaines décennies? Ce questionnement débouche sur le sempiternel débat: devenir membre de l'OTAN ou conserver la sacro-sainte neutralité finlandaise? Ce statut a toujours prodigué des avantages à Helsinki... Il s'agit actuellement d'une question cruciale, vraisemblablement la clé du débat du deuxième tour, Halonen étant opposée à l'entrée dans l'OTAN et Niinistö ne l'excluant pas, dans le cadre exclusif d'un "OTAN européen".

Récemment interviewé, le grand cinéaste Aki Kaurismäki a déclaré qu'une participation finlandaise à l'OTAN décidée sans référendum le ferait renoncer à sa nationalité finlandaise. Pour le 29 janvier, les prévisions sont à 60-40 en faveur de Tarja Halonen.

Cela étant, le scrutin ne devrait rien changer ou presque aux orientations de la Finlande. Les pouvoirs du chef de l'Etat ont été réduits en 2000, même si son prestige et son influence sont intacts. Chef des armées, il n'est plus responsable de la politique intérieure. Il dirige la politique étrangère et de sécurité en étroite coopération avec le gouvernement. Dans les faits, tout veto présidentiel reviendrait devant le parlement.
Le rôle du président dans les affaires européennes - dans lesquelles il n'a a priori pas son mot à dire - devra vraisemblablement faire l'objet d'ajustements avant le 1er juillet, date à laquelle la Finlande héritera de la présidence tournante de l'Union.

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