L'euro ne fait plus recette

Si certains nouveaux venus, comme la Lituanie, comptent bien adhérer à la monnaie unique dès 2007, d'autres pays, telle la Pologne, semblent renâcler, tant leur population est inquiète des hausses de prix qu'ont connu les économies qui ont adhéré.

La vendeuse, dans un magasin de meubles, en Estonie, est inquiète. Elle a entendu dire qu'en Finlande, l'avènement de l'euro a eu pour effet de renchérir les prix des loyers, des tickets de bus, du beurre et du lait. Interviewés par l'agence Bloomberg, les habitants d'Europe de l'Est semblent tous, à l'instar de la petite dame estonienne, avoir les mêmes inquiétudes. D'ailleurs, ils ne sont, dans leur ensemble, que 38% à penser que le rattachement de leur monnaie à l'euro serait une bonne chose.

L'affaire prend de telles proportions dans certains pays, en particulier en Pologne et République tchèque - les deux plus grands pays entrés en mai 2004 - que les gouvernements réfléchissent à revoir le calendrier. Ainsi, alors que les Polonais ne sont que 34% (et les Tchèques 31%), à penser que l'euro serait une bonne chose, le nouveau ministre polonais se refuse maintenant à donner une date d'entrée du zloty dans la monnaie unique. Et les rumeurs selon lesquelles la date butoir de 2010 ne serait pas tenue abondent....

Toutefois, la Slovénie, l'Estonie et la Lituanie semblent confirmer pour l'instant leur intention d'adopter l'euro le 1er janvier 2007 - la Lituanie a même, au début de cette semaine, amendé sa Constitution pour ce faire, tandis que la Lettonie et l'Ile de Malte prévoient de le faire en 2008. Quant à la Slovaquie, elle s'y attelle pour 2009 et la Hongrie pour 2010. Bref, l'Europe peut encore y croire.

Mais si certains semblent bien déterminés, l'adhésion n'est pas pour autant garantie. D'autant que tous ces pays se rendent de plus en plus compte d'une chose: en adoptant l'euro, ils perdent par la même occasion l'une des composantes de leur politique économique - la politique monétaire -, pour n'avoir à leur disposition que la politique budgétaire pour doper l'économie.

Or, Bruxelles n'arrête pas de les gourmander, comme la Commission vient de le faire hier vis à vis de la République tchèque et de la Slovaquie, pour que ces pays réduisent encore plus qu'ils ne l'ont prévu leur déficit budgétaire. Difficile de tenir la pression quand une période électorale s'ouvre, comme c'est le cas en République tchèque, en Hongrie et en Slovaquie. On le sait, ces périodes sont plus propices aux largesses sociales qu'à la discipline...

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