Lancement du programme de sous-marins nucléaires Barracuda

Le ministère français de la Défense a notifié jeudi aux industriels le lancement du programme de six sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) Barracuda, pour un montant global de 7,9 milliards d'euros, livrables de 2016 à 2027.La première tranche du programme porte sur un montant de 1,4 milliard d'euros, un milliard revenant à DCN et le solde soit 400 millions d'euros à Areva-Technicatome. Ce dernier groupe a précisé vendredi après-midi que sa part représentera "environ 15% du montant global du programme". Areva-Technicatome doit équiper les sous-marins nucléaires d'attaque de leur propulsion nucléaire. La "chaufferie nucléaire" qui équipera les sous-marins comprendra un "réacteur nucléaire adapté de celui qui équipe déjà les sous-marins SNLE-NG et le porte-avions Charles-de-Gaulle", précise Areva. Lors de la négociation avec la Délégation générale pour l'armement (DGA), les industriels ont dû revoir leur prix à la baisse. Par rapport à leur proposition de 2005, les prix ont diminué de 20%. Les offres qu'ils ont soumises en mai dernier sont encore 10% moins chers que celles qu'ils souhaitaient.Il n'empêche, la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie, a souhaité rendre irréversible cet important contrat. Les industriels ont ainsi obtenu qu'en cas de rupture de contrat - qui peut intervenir après les élections présidentielles de 2007 - un dédit important leur soit versé. Il s'agit ni plus ni moins que de 100 millions d'euros par sous-marin.La commande a été passée à DCN (ex-Direction des constructions navales qui vient de s'allier à l'électronicien de défense Thales) maître-d'oeuvre, et à Areva-Technicatome associé au CEA (commissariat à l'énergie atomique) pour la chaudière nucléaire."Le programme Barracuda constitue une composante essentielle des forces sous-marines pour les cinquante années à venir", souligne un communiqué du ministère de la Défense. Ce programme "conforte le statut de grande puissance navale de la France" et "permettra de renouveler la totalité de la flotte de sous-marins nucléaires d'attaque, composante clé de l'outil de défense" de la France, ajoute encore le ministère de la Défense.Le programme "prévoit la réalisation d'une série de six sous-marins nucléaires d'attaque pour une première livraison à la marine en 2016, qui participeront directement aux missions de dissuasion et de projection", ajoute le ministère. Les livraisons devraient s'échelonner jusqu'en 2027.Ces sous-marins à propulsion nucléaire, mais dotés d'un armement conventionnel, sont appelés à remplacer les SNA de type Rubis, en service pour certains depuis plus de 20 ans.Jean-Marie Poimboeuf, président du GICAN (groupement industriel des constructions et armements navals) et président de DCN, avait estimé lors du salon Euronaval que ce programme jouerait un rôle significatif pour soutenir son secteur industriel, qui pèse 5 milliards d'euros en France (dont 3 milliards pour la seule DCN), et représente 30.000 emplois directs et plus 20.000 emplois indirects. Une centaine de PME sous-traitantes seront associées à la construction des sous-marins.Toutefois dans les milieux militaires, certains doutent de la réalisation de six exemplaires des Barracuda. Ils craignent des restrictions budgétaires une fois passée l'élection présidentielle, quand le nouveau gouvernement sera à la recherche de marge de manoeuvre financière qu'il risque de vouloir trouver dans le budget de la défense, préservé ces dernières années à la demande de Jacques Chirac.Le problème stratégique, c'est que s'il n'y a pas six sous-marins construits, la France risque de devoir se passer de pouvoir effectuer en permanence ses missions de chasse sous-marine, de renseignement et de protection, tant en Méditerranée que dans l'Atlantique voire dans le Pacifique.C'est déjà une concession de ce type que la France a consenti en se contentant pour l'heure d'un seul porte-avions qui doit s'arrêter régulièrement pour maintenance voire pour un grand carénage sans pouvoir être remplacé.
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