Affaire Rhodia : l'AMF contre-attaque face à Hughes de Lasteyrie

Attaquée en justice par Hughes de Lasteyrie pour avoir remanié un rapport sur les comptes de Rhodia, le gendarme boursier va porter plainte contre le financier. La version finale du rapport d'enquête dédouane Thierry Breton de toute responsabilité dans l'affaire Rhodia.

Dans un entretien accordé au Figaro, le secrétaire général de l'Autorité des marchés financiers (AMF) Gérard Rameix annonce avoir déposé plainte contre Hughes de Lasteyrie. Attaquée pour avoir exonéré Thierry Breton de toutes responsabilité dans un rapport sur les comptes de Rhodia, l'AMF se retourne donc contre le financier. "Le collège de l'AMF a décidé de déposer une plainte contre Hughes de Lasteyrie du Saillant en tant qu'auteur lui-même d'une plainte mettant gravement en cause l'AMF", déclare Gérard Rameix.

Hughes de Lasteyrie reproche à l'AMF d'avoir allégé la version finale de son rapport d'enquête sur le groupe chimique, de façon à blanchir Thierry Breton, administrateur de Rhodia au moment des faits, avant de devenir ministre de l'Économie et des Finances. Thierry Breton, nommé ministre le 25 février 2005, avait été administrateur et président du comité d'audit de Rhodia entre avril 1998 et septembre 2002.

"L'idée qu'il existe deux rapports d'enquête - l'un permettant de mettre en cause Thierry Breton, l'autre présentant une version expurgée - est tout simplement absurde. C'est du roman pur puisqu'il est facile de prouver que le rapport final était terminé quelques jours avant que le ministre soit nommé", martèle Gérard Rameix. Pour lui, Hughes de Lasteyrie profite du fait que Thierry Breton soit devenu ministre des Finances pour "monter une affaire politique sur un dossier - au demeurant complexe - des difficultés industrielles du groupe Rhodia et sur l'information donnée au marché par ses dirigeants".

Reste qu'un rapport d'enquête initial du gendarme de la Bourse en date du 20 janvier 2005, dont La Tribune s'était procuré une copie, a bel et bien fait l'objet d'une seconde version datée du 1er mars 2005. Dans cette seconde version, des faits ne sont plus mentionnés: il s'agit notamment d'éléments concernant l'acquisition en 1999 et 2000 du chimiste britannique Albright and Wilson (A&W) pour près d'un milliard d'euros et son intégration lors d'exercices postérieurs dans les comptes de Rhodia.

L'AMF avait pourtant reconnu l'existence de deux versions du rapport d'enquête sur Rhodia, la première, datant du 20 janvier, étant qualifiée de "pré-rapport", ce qui expliquerait que des éléments aient été supprimés dans le "rapport définitif". Le "pré-rapport" évoqué par l'AMF porte pourtant bien pour titre "Rapport d'enquête sur l'information financière de la société Rhodia". Daté du 1er mars, le rapport final aurait "été arrêté le 23 février par le directeur des enquêtes et de la surveillance des marchés", selon l'AMF, soit "avant la démission de M. Hervé Gaymard et la nomination de Thierry Breton", le 26 février.

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Commentaire 1
à écrit le 19/09/2022 à 17:58
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Si d'aventure, une plainte était déposée à l'encontre des anciens dirigeants de Solocal Group, pour spoliation des actionnaires lors d'une opération sur le capital en 2020, sans l'accord des spoliés après regroupement /100 Qui saurait donner le meil...

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