L'ancien gourou japonais d'Internet sous les verrous

Takafumi Horie, fondateur emblématique du portail Internet japonais Livedoor, a été condamné à deux ans et demi de prison ferme pour manipulation boursière et malversation comptable. Des manoeuvres qui avaient causé un mini krach boursier à Tokyo l'an dernier.

Jeune, riche, célèbre... et en prison. L'entrepreneur Takafumi Horie, fondateur du portail Internet Livedoor, et symbole de la réussite de la "Net économie" au Japon, vient d'être condamné à deux ans et demi de prison ferme pour malversation comptable et manipulation de cours.

Cette décision exemplaire, qui met fin à un procès de six mois, a été annoncée par un tribunal de Tokyo. Takafumi Horie, âgé de 34 ans, était jugé pour avoir truqué les comptes de Livedoor. Il a notamment transformé une perte en bénéfice au deuxième trimestre 2004, mais a aussi manipulé les cours en diffusant de fausses informations auprès des investisseurs.

Le scandale avait éclaté en janvier 2006, causant du même coup un mini krach boursier à Tokyo. Pour la première fois de son histoire, la Bourse nipponne avait été obligée d'interrompre la séance avant la clôture, en raison de volumes trop importants créés par une panique généralisée du marché.

Le marché japonais avait chuté de 7% en une semaine en raison de ce scandale, alors que Livedoor avait perdu plus de 14% en une seule séance. Le compartiment des valeurs de croissance avait pour sa part abandonné près de 12% en une séance et le Nikkei avait clôturé en baisse de 2,8% dans la même journée.

Takafumi Horie, self made man qui avait monté seul Livedoor au début de l'avènement du Net, étranger à l'establishment nippon, avait plaidé non coupable de ces accusations, s'estimant victime de la classe dirigeante et politique japonaise, hostile à ses méthodes peu orthodoxes au pays du Soleil levant.

C'est que son arrogance et son culot ne s'inscrivent pas dans les habitudes du milieu des affaires japonais. Le jeune loup décomplexé des affaires avait notamment défrayé la chronique en 2005 en lançant la première OPA hostile de l'histoire de l'archipel, contre Nippon Broadcasting et sa chaîne de télévision Fuji-TV. Le rachat avait certes échoué, mais la réputation de Takafumi Horie était faite, tandis qu'au Japon, les opérations de rachat se font traditionnellement par le biais de longues négociations, et non par des "raids".

En dix ans, il avait en tout cas réussi à faire de Livedoor un des portails Internet les plus populaires du Japon, et réalisé de nombreuses acquisitions de petites sociétés fragilisées.

S'il était sans aucun doute l'homme à abattre pour l'establishment, Takafumi Horie ne cache pas son dédain vis-à-vis du système en place: "Tous les maux viennent des patrons âgés", déclara même un jour l'homme d'affaires.

En tout état de cause, sa chute, au plus haut de sa gloire, avait d'autant plus surpris que cette personnalité médiatique avait apporté son soutien politique à l'ex-Premier ministre Junichiro Koizumi. Ce dernier avait d'ailleurs personnellement parrainé sa candidature (finalement ratée) à un siège de député.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.