Le président de la Banque mondiale s'accroche aux branches

Le conseil d'administration de la Banque mondiale a décidé d'élargir l'enquête sur le contrat que Paul Wolfowitz a accordé à sa compagne. Le président refuse de démissionner mais il est de plus en plus contesté.

Le président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz, s'accroche à son poste mais il est de plus en plus fragilisé. Il est au centre d'une controverse pour son rôle dans l'octroi d'une promotion et d'une forte augmentation de salaire à sa compagne, Shaha Riza, également salariée de la Banque mondiale, avant son transfert au département d'Etat.

Le conseil d'administration de la Banque a décidé ce vendredi de ne pas statuer tout de suite sur le sort de Wolfowitz et va élargir l'enquête sur le contrat que le président a accordé à sa compagne. Dans un communiqué, le conseil d'administration dit avoir examiné les aspects de l'affaire relatifs à un possible conflit d'intérêts et à une éventuelle violation des règles concernant la politique du personnel.

Les administrateurs ont rappelé que cette affaire soulevait "une grande préoccupation" et qu'ils s'étaient mis d'accord "sur un processus destiné à régler la situation de manière urgente, efficace et ordonnée". Certaines questions nécessiteraient des investigations supplémentaires et elles ont été confiées à un groupe ad hoc.

Paul Wolfowitz a présenté des excuses mais a dit dans un premier temps n'avoir pas l'intention de démissionner en dépit des inquiétudes de pays membres qui redoutent que cette affaire porte atteinte au moral du personnel et à la crédibilité d'une institution chargée de combattre la pauvreté et de promouvoir la bonne gouvernance. Cependant, il a fait savoir qu'il suivra les recommandations du Conseil d'administration. "Le président Paul Wolfowitz se félicite de la décision du Conseil d'avancer pour trouver une solution à ce dossier très important", ont indiqué ses services dans un bref communiqué.

L'Association des employés de la Banque mondiale a déjà demandé son départ et, mercredi, l'un des deux directeurs exécutifs de la Banque, le néo-zélandais Graeme Wheeler lui aurait également demandé de démissionner au cours d'une réunion de hauts dirigeants de la banque, selon des participants.

L'un des autres griefs des cadres de la Banque est que le nouveau président a placé à des postes-clés d'anciens collaborateurs du Pentagone dépourvus d'expérience des questions de développement et de lutte contre la pauvreté. Paul Wolfowitz est en effet l'ancien numéro deux du Pentagone et à ce titre il a été l'un des architectes de la guerre en Irak. Il a pris la tête de la Banque mondiale en juin 2005, proposé à ce poste par l'administration républicaine du président George W. Bush. Tout en faisant de la lutte contre la corruption dans les pays en développement sa priorité, il s'est rapidement aliéné une bonne partie des employés de l'institution multilatérale.

Le dernier soutien de Wolfowitz reste la Maison Blanche qui lui a encore réaffirmé pas plus tard qu'hier, jeudi, sa confiance. Mais selon le quotidien britannique The Times, l'administration américaine aurait commencé à chercher des candidats pour le remplacer, évoquant le nom de l'ancien ministre afghan des Finances Ashraf Ghani, également ancien fonctionnaire de la Banque mondiale.

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