Tumulte pour les rehausseurs de crédit

Le sauvetage de CIFG par les Caisses d'épargne et les Banques populaires est le prélude à des opérations similaires pour les rehausseurs de crédit. En moins d'un mois, les sociétés cotées américaines du secteur ont perdu plus de la moitié de leur valeur en bourse.

En décidant de reprendre le capital du rehausseur de crédit CIFG et de renforcer ses fonds propres, les Caisses d'épargne et les Banques populaires ôtent une belle épine du pied de leur filiale Natixis. L'action conjointe des deux groupes bancaires laisse supposer que d'autres opérations similaires pourraient intervenir aux Etats-Unis sur ce segment de marché.

Aujourd'hui, il existe neuf grands acteurs sur le marché américain dont CIFG et FSA (détenu par Dexia). Les sept autres sociétés sont : Ambac (à 100% coté en bourse), ACA Capital (27% cotés en bourse, 28% Bear Stearns Merchant Banking, 13% Stephens, 13% 3rd Avenue Trust, 11% Chestnut Hill Ventures, 4% AEGON et 4% Insurance Partners), Assured Guaranty (72% cotés en bourse, 28% ACE), FGIC (42% PMI, 23% Blackstone, 23% Cypress, 7% CIVC/BAC, 5% General Electric), MBIA (100% cotés en bourse), Radian Group (100% cotés en bourse) et Security Capital Assurance (55% cotés en bourse, XL 45%).

Alors que Wall Street pensait pendant l'été que les sociétés cotées du secteur pourraient survoler la crise des crédits hypothécaires sans encombres, le climat s'est brusquement dégradé à la faveur du réveil des agences de rating (Moody's, Standard and Poor's et Fitch). Soudain, les ratings AAA ou assimilés des assureurs de crédit ont été remis en cause. Les craintes de pertes financière se sont accumulées et la bourse a amplifié le mouvement de baisse.

Le métier d'assureur crédit est assez simple. On l'appelle "Monoline Insurance" aux Etats-Unis car il ne concerne que les marchés des capitaux. Dans la pratique, les entreprises spécialisées garantissent aux porteurs d'un titre obligataire que le capital et les intérêts seront versés en temps et heure si l'émetteur fait défaut. Il faut noter qu'il n'y a pas d'accélération de règlement en cas de défaut comme cela peut être le cas d'un Credit Default Swap (CDS).

Si l'assureur de crédit souhaite accélérer les choses, il peut le faire si cela lui chante, ou s'il négocie avec les porteurs de l'émission obligataire assurée. Ce métier est né en 1971 avec Ambac, entreprise créée par MGIC (Mortgage Guaranty Insurance Corporation). MBIA est arrivé trois ans plus tard.

Un assureur de crédit doit posséder un capital important et le meilleur rating possible. Contre une commission, il assure contre le risque de défaut d'un émetteur. Ce faisant, le rating de l'émetteur est "rehaussé" et il peut emprunter moins cher. L'association professionnelle américaine AFGI estime que les collectivités locales ont économisé 32 milliards de dollars de coûts d'emprunt depuis 1971 grâce au rehaussement de crédit.

Selon une étude de l'UBS, les neufs spécialistes assurent un capital de 2.300 milliards de dollars, dont 59% de titres de collectivités locales américaines, 14% d'émissions internationales et 27% de crédits structurés. MBIA se taille la part du lion, avec 29% du marché, suivi par Ambac (23%), FSA (17%) et FGIC (13%). Les autres acteurs ont 5% du marché, voire moins (3% pour CIFG). Dans l'ensemble de ce portefeuille, ce sont bien sûr les crédits structurés et les titres de créances adossés à des actifs qui posent problèmes et notamment les fameux CDO (Collaterized Debt Obligations). Plusieurs entreprises cotées ont annoncé des pertes pour leur troisième trimestre fiscal, ne serait-ce qu'en considérant la valeur de marché des titres qu'elles avaient assurée (quand il était possible de le faire).

La décision des Caisses d'épargne et des Banques populaires permet de faire un rapide calcul sur les besoins potentiels de l'industrie. Si CIFG détient 3% d'un marché représentant 2300 milliards de dollars et si CIFG a besoin de 1,5 milliard de dollars de capital supplémentaire pour conserver son rating, les besoins cumulés de tous les acteurs pourraient totaliser 50 milliards de dollars. Car, si seuls les produits structurés (CDO) posent problème, ils impactent l'ensemble des dettes assurées.

Si les rehausseurs perdent leur rating, ils ne seront plus capables de prendre de nouvelles affaires et les marchés douteront de leur capacité à honorer leurs précédents engagements. D'où une nouvelle baisse des titres de créances hypothécaires et sans doute de nouvelles provisions à passer pour les banques américaines. La décision des agences de rating devrait être connu fin novembre, début décembre.

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