Des "Brigands" très enlevés

La troupe des Brigands donne l'opérette éponyme d'Offenbach. Un spectacle très enlevé.

Ils auraient dû commencer par là, par cette opérette qui leur a donné leur nom: "Les Brigands". Mais ils ont attendu d'avoir de la bouteille. Bien leur en a pris car ils se révèlent aujourd'hui meilleurs que jamais, toujours sans se prendre le moins du monde au sérieux. Depuis 2002, chaque hiver le Théâtre de l'Athénée, à Paris, programme un spectacle musical de ces transfuges du Choeur des Musiciens du Louvre.

Ce fut d'abord des pièces méconnues d'Offenbach, "Geneviève de Brabant" et le "Docteur Ox", puis deux opérettes des années 30, "Ta Bouche" et "Toi c'est moi". Le succès aidant, ils placent la barre un peu plus haut dans le répertoire de leur compositeur fétiche, avec ces "Brigands", livrés par Offenbach en 1869, à la fin donc du second Empire.

Sur un livret abracadabrantesque de Meilhac et Halévy, d'aucune conséquence comme d'habitude chez le musicien de "La Belle Hélène", la pièce taille des croupières à la bonne bourgeoisie triomphante dans des airs irrésistibles de drôlerie. Tour à tour elle s'en prend aux financiers (l'air du caissier qui a tout dilapidé), aux snobs qui suivent la mode espagnole imposée par l'Impératrice Eugénie de Montijo ("Il y en a qui se disent espagnols ..."), aux carabiniers ("par un malheureux hasard nous arrivons toujours en retard"), à la futilité des grands de ce monde et à l'inanité de la diplomatie. Avec pour principe la devise du chef des brigands, Falsacappa : "Il faut voler selon la position qu'on occupe dans la société".

Le générique de l'ouvrage original comportait une trentaine de rôles et un choeur. Les Brigands sont moitié moins nombreux, qu'à cela ne tienne, ils se démultiplient, chacun est tout à tour brigand, carabinier, cuisinier, princesse ou duchesse! Les voix sont très inégales mais l'entrain de la troupe palie les faiblesses. Les airs s'enchaînent les uns aux autres sans aucun temps mort dans un tourbillon loufoque. Certains tableaux sont tout simplement désopilants. Comme l'arrivée de la princesse de Grenade, entourée de sa cour, façon "Ménines" de Velasquez. A la baguette, Benjamin Lévy conduit tout ce monde à un train d'enfer. Sacrés Brigands!


A l'Athénée jusqu'au 4 mars, tél. 01 53 05 19 19, www.athenee-theatre.com. Puis en tournée à travers toute la France jusqu'à la fin mai.

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