L'AMF met hors de cause Nicolas Miguet dans l'enquête sur Eurotunnel

Soupçonné d'avoir divulgué des informations trompeuses et inexactes sur l'avenir d'Eurotunnel afin de fédérer autour de lui les actionnaires mécontents et renverser la direction en 2004, Nicolas Miguet a finalement été mis hors de cause par l'AMF.

Le passé mouvementé d'Eurotunnel, aujourd'hui en passe de sortir de ses difficultés financières, ressurgit. La commission des sanctions de l'Autorité des marchés (AMF) a rendu ce jeudi une décision concernant une enquête lancée en septembre 2003 dont La Tribune a pu obtenir une copie.

A l'époque l'exploitant du tunnel sous la Manche, dirigé par Richard Shirrefs, faisait face à la montée des protestations de ses actionnaires. In fine l'exaspération des petits porteurs s'est traduite par une véritable fronde parvenant à renverser la direction en place lors d'une assemblée générale houleuse à l'été 2004.

Pour parvenir à ce résultat, Nicolas Miguet, le plus véhément des actionnaires par ailleurs détenteur du journal Bourse Plus, devait fédérer autour de lui les représentants d'au moins 5% du capital. Ce ratio était nécessaire pour convoquer une assemblée générale et faire voter la démission du conseil d'administration.

Mais la manière utilisée pour réaliser ce coup de théâtre a semblé assez suspecte. Pendant cette période, la volatilité du titre d'Eurotunnel a été particulièrement élevée (son cours a varié de 0,32 euros en mars et atteint 1,07 euros en septembre), éveillant l'attention de la Commission des opérations en Bourse (Cob), ancêtre de l'AMF, qui a alors lancé une enquête.

Deux griefs ont alors été reprochés à Nicolas Miguet. En premier lieu, ce dernier aurait fait état sur son site Bourseplus.com de pouvoirs délégués par les actionnaires représentant 14,8% du capital d'Eurotunnel. Or, le montant constaté par huissier quelques semaines plus tard révélait seulement 7,99%. Sur ce point, l'AMF s'est montrée indulgente, notant que Nicolas Miguet s'était montré "exagérément optimiste", comptant comme acquise la promesse de François Gontier, gérant de la société Foch Investissements, de lui octroyer ses pouvoirs alors que ce dernier avait entre temps vendu une grande partie de ses titres.

Le gendarme de la Bourse n'a pas été plus sévère concernant les informations évoquées par Nicolas Miguet sur l'avenir de l'exploitation d'Eurotunnel. Celui-ci évoquait notamment la possibilité de doubler le taux d'utilisation du tunnel en 2006 2007 avec pour conséquence "1,4 à 1,6 milliards de profits pour Eurotunnel". Bien que considérées comme "des extrapolations excessives" sur la base d'informations réelles, le régulateur n'a pu établir que ce dernier "savait ou aurait du savoir" que ces données étaient inexactes ou trompeuses.

Son comparse de l'époque, François Gontier, a en revanche été sanctionné au travers de Foch Investissements. Suite à des échanges de titres dans des volumes très importants entravant le fonctionnement régulier du marché, l'AMF a sanctionné Foch Investissements pour manipulation de cours en lui infligeant une amende de 500.000 euros, dont il pourra faire appel.

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