"S'attaquer au stress sur les terrains organisationnels, managériaux et individuels"

Alors que s'ouvre ce jeudi, la première des conférences sociales de la rentrée entre le gouvernement, le patronat et les syndicats sur notamment les risques psycho-sociaux (stress, dépressions, suicides...) liés au travail, le docteur Légeron, psychiatre et PDG du cabinet Stimulus, explique d'où vient le stress et quels sont les remèdes qui pourraient protéger les salariés.

La Tribune: La conférence gouvernement-patronat-syndicats sur les risques psycho-sociaux au travail qui s'ouvre aujourd'hui permettra-t-elle de s'attaquer au stress ?

Docteur Légeron: Pourquoi pas. Cette conférence pourrait permettre enfin de parler du stress concrètement. Jusqu'à présent, le patronat opposait un déni terrible. Il ne voulait pas en entendre parler. De leurs côtés, certains syndicats insistaient lourdement là-dessus afin de présenter le monde du travail comme un vrai goulag.

Quelles solutions pourraient être envisagées pour répondre aux dégâts causés par le stress ?

Au delà de la nécessaire généralisation d'indicateurs sérieux de mesure du stress et d'actions de communication déjà engagées par des entreprises comme Michelin et La Poste, des actions devraient s'engager en parallèle dans trois domaines. D'abord, les entreprises devraient revoir de manière urgente leurs organisations afin de les rendre moins tayloriennes. Ensuite, elles devraient développer d'autres styles de management plus valorisant pour les individus comme Michelin et BNP Paribas l'ont réalisé. Enfin, les salariés pourraient être incité à pratiquer la relaxation et à développer des aptitudes mentales leur permettant d'affronter le stress. Notamment, ils devraient apprendre à ne pas se renfermer dans leur bulle mais dire leur malaise lorsqu'ils ressentent des tensions. Mais j'insiste, les trois niveaux sont liés. Pour le combattre sérieusement, il faut s'attaquer au stress sur les terrains organisationnels, managériaux et individuels.

Mais le stress est-il forcément un phénomène négatif ?

Certainement pas. C'est un phénomène naturel, une fonction de survie pour faire face à un environnement dangereux. Mais il ne peut agi favorablement sur l'individu qu'en cas de vrai danger physique et dans des situations exceptionnelles. Or, au travail aujourd'hui, les menaces sont psychologiques et permanentes. De plus, dans le monde professionnel, les "stresseurs" sont particulièrement violents: les exigences sont considérables, les changements permanents, les frustrations continuelles et les relations entre les individus toujours plus violentes.

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