Alcan passe à l'offensive dans l'aéronautique

A l'aube du salon du Bourget, le producteur canadien d'aluminium Alcan, sous le coup d'une OPA de son concurrent américain Alcoa, affiche sa confiance dans sa branche aéronautique. Le repreneur de Pechiney envisage une acquisition dans les composites.

Malgré l'offensive des matériaux composites dans l'aéronautique, Alcan reste confiant dans ce débouché majeur pour son aluminium. "Compte tenu du dynamisme du secteur aérien, nous avons encore de très fortes années de croissance devant nous, au moins pour les dix prochaines années", a déclaré mercredi matin à Paris Christel Bories, patronne de la branche de produits usinés d'Alcan, dont l'aéronautique constitue un quart du chiffre d'affaires (1,9 milliard de dollars en 2006).

Le groupe en profite pour annoncer la signature d'un nouvel accord pluriannuel avec Airbus, dont le montant et la durée ne sont pas précisés. Seule indication: ce contrat "prévoit une montée en puissance des volumes sur les prochaines années". Premier fournisseur d'Airbus depuis toujours, grâce aux liens de l'avionneur européen avec Pechiney, racheté par Alcan en 2003, le groupe canadien ne cache pas son soulagement. L'américain Alcoa, le grand rival du groupe canadien dans l'aéronautique, avait mené une offensive commerciale très forte au moment de la négociation des contrats pour l'A380 en 2000. "Cela avait sonné comme un coup de semonce. Depuis, nous avons repris les choses en mains", indique Jean-Philippe Caël, en charge de l'aéronautique.

Au-delà de 2020, quand les avions composés à 50% de fibres de carbone, comme les Boeing 787 ou Airbus 380, seront en fabrication, Alcan ne voit pas son marché décroître. "Ce débouché restera au même niveau pour nous car l'augmentation du nombre d'avions, construits alors en Chine ou en Russie, compensera la baisse de la part de l'aluminium", affirme Christel Bories.

Néanmoins, Alcan se prépare d'arrache pied à livrer cette bataille contre les composites. Le groupe envisage même d'acheter un producteur de fibres de carbone. "Nous avons le savoir faire dans l'aéronautique, une bonne connaissance des matériaux composites, mais pas ceux utilisés par les avionneurs, nous avons donc beaucoup d'atouts pour être présents sur cette activité demain", a déclaré Christel Bories, en précisant qu'il serait plus rapide de faire une acquisition que de développer en interne ce savoir faire, compte tenu des délais d'homologation par les avionneurs. "Si nous voulons éviter les cinq ans nécessaires au référencement, nous procéderons par acquisition", a-t-elle affirmé.

En attendant, Alcan mise sur les alliages sophistiqués pour conserver ses parts de marché face à Alcoa. Ces alliages permettent de proposer des métaux de plus en plus légers, indispensables pour diminuer la consommation de carburant des avions. "Dans l'A380, nos alliages pèsent 10% de moins que ceux de nos concurrents", précise le groupe. "Dans la compétition à venir contre le composite, Alcan sera moins touché que les fabricants d'aluminium et d'alliages standard", affirme Christel Bories.

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