Ouverture du marché de l'électricité et du gaz : pour UFC-Que choisir, le consommateur a tout à perdre

L'association de défense des consommateurs conseille aux consommateurs de ne pas opter pour les prix libres, dans le cadre de l'ouverture à la concurrence des marchés de l'électricé et du gaz au 1er juillet 2007. L'association met en garde contre le risque inflationniste et les risques juridiques de ces nouvelles offres.

"Ne faites rien!". Pour l'association de consommateurs UFC Que Choisir, le message est clair. Au 1er juillet 2007, elle conseille aux consommateurs de ne pas quitter les tarifs réglementés de l'électricité et du gaz pour les prix "libres". "Les consommateurs ont tout à perdre" avec ce changement, explique l'association au sujet de l'électricité. Quant au gaz, "ils n'ont pas grand chose à gagner".

UFC Que choisir met ainsi les Français en garde, alors que le marché de l'énergie doit s'ouvrir à la concurrence en France le 1er juillet prochain. A cette date, les consommateurs auront la possibilité de quitter les opérateurs historiques EDF et GDF et leurs tarifs réglementés à la faveur d'offres alternatives aux prix "libres" fixés par la loi du marché.

Cette date marque la fin du monopole d'EDF et GDF pour la fourniture d'énergie aux particuliers. Il y aura alors deux régimes tarifaires sur le marché, du moins jusqu'en 2010: les tarifs réglementés, encadrés par l'Etat, et les tarifs fixés librement par les fournisseurs (y compris GDF et EDF).

Or, cette évolution n'est pas sans conséquence, ni sans risques pour les consommateurs. "Nous sommes inquiets vis-à-vis de l'état d'impréparation des consommateurs", explique Alain Bazot, le président de l'association, lors d'une conférence de presse. "Cette ouverture du marché comporte des risques liés à la concurrence qui implique une surveillance des prix, et à l'aspect juridique, alors que nous craignons des dérives dans les pratiques commerciales des opérateurs", ajoute le président.

Les consommateurs "piégés"

Concrètement, l'association s'alarme du fait que tout consommateur qui aurait choisi de quitter les tarifs réglementés pour les tarifs "libres" n'aura plus la possibilité de faire machine arrière pour le logement concerné par le changement, même en cas de reprise du site par une autre personne, à la location ou à l'achat. Le consommateur peut donc se trouver piégé avec une offre non sollicitée, souligne UFC Que Choisir.

Une situation qui est d'autant plus néfaste que l'association met aussi en garde sur le fait que les prix du marché libre risquent fortement de progresser plus vite que les prix réglementés. Les prix des fournitures énergétiques pourraient même monter de l'ordre de 60%.

Une inflation prévisible

La différence d'évolution des prix entre réglementés et libres est d'autant plus prévisible, selon UFC Que Choisir, que les prix réglementés actuels en France sont stables du fait que leur progression est liée à l'électricité d'origine nucléaire. A l'inverse, le prix libre de l'électricité est indexé à celui des énergies fossiles, plus volatiles, et qui ont d'ailleurs fortement progressé ces dernières années.

En outre, comme la plupart des fournisseurs d'électricité arrivant sur le marché ne sont pas des producteurs, mais s'approvisionnent sur le marché de gros, les prix seront d'autant plus volatils et mettent en question la possibilité pour les opérateurs de proposer des offres compétitives sur le long terme.

Ainsi, selon les études d'UFC Que Choisir, les écarts de prix entre les tarifs réglementés et les prix de marché ne cesseront de se creuser. "Il y a un risque inflationniste évident", explique Alain Bazot, "car les conditions de la concurrence ne sont pas réunies".

Pour le gaz, les risques sont moindres, car GDF n'est pas producteur et offre moins d'avantage concurrentiel qu'EDF. Le prix du gaz est indexé sur les prix du pétrole. Reste que le passage à un tarif libre ne fera que confirmer la tendance actuelle qui est la hausse des prix et un rattrapage de niveau entre les offres réglementées et libres.

Un indice de contrôle des prix

Face à cette situation, UFC Que Choisir veut réagir. Pour tenter de suivre l'évolution des prix qui fera suite à l'ouverture du marché à la concurrence, l'association a mis en place un indice des prix pour l'électricité et le gaz, l'Ipeg. Basé sur les dépenses des ménages au 1er juillet, il permettra un suivi global des prix, selon les différents profils des utilisateurs.

UFC Que choisir met aussi en place un Observatoire des pratiques commerciales et contrats: elle redoute des abus, tels qu'elle a pu les constater dans les télécoms et Internet. L'objectif de l'Observatoire est de "vérifier dès leur diffusion la conformité juridique des publicités et offres contractuelles", explique l'association. Mais aussi, "d'alerter les consommateurs" et d' "engager rapidement des actions contentieuses afin d'obtenir leur cessation".

L'association compte aussi faire des démarches pour que la loi d'ouverture des marchés de l'énergie à la concurrence soit clarifiée, et que les zones d'ombres qui font peser des risques importants sur les consommateurs et leur pouvoir d'achat soient dissipées.

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