La Russie pourrait envisager d'augmenter sa participation dans EADS, la maison-mère d'Airbus, si sa proposition de coopération technologique avec le consortium européen est rejetée, selon une source du Kremlin citée par l'Agence Reuters. Une pression de Moscou à la veille d'une rencontre entre Chirac et Merkel qui doit tenter de dénouer la crise qui bloque EADS et Airbus et retarde le lancement de son plan de réorganisation Power 8.

Alors que les fils du dialogue entre Français et Allemands au sein d'EADS sont particulièrement tendus depuis de nombreux mois, le président russe Vladimir Poutine souhaite qu'EADS développe des liens plus étroits avec les entreprises russes. "Nous sommes prêts à engager une coopération constructive et nous aimerions que nos entreprises concluent des accords sur une telle coopération", a déclaré le chef du Kremlin. Et d'ajouter qu'une "coopération significative serait bien plus intéressante et utile à la fois pour les industriels russes et pour nos partenaires européens".

Vladimir Poutine n'a pas spécifié quel type de coopération il privilégiait. La banque publique russe VTB a suscité l'inquiétude de Paris et Berlin l'an dernier en achetant une participation de 5% dans le groupe européen d'aéronautique et de défense. "Comme l'a dit Vladimir Poutine, la Russie est intéressé par l'établissement d'une coopération technologique avec EADS mais si le projet ne marche pas, VTB se concentrera sur sa participation et pourrait envisager d'acquérir d'autres actions en fonction de leur disponibilité", a déclaré la source à Reuters.

A l'issue d'entretiens avec le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy et la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie, Vladimir Poutine a déclaré mercredi que cette acquisition n'était pas la première étape d'une offre hostile mais une invitation à davantage de coopération. Le président russe qui a invité Jacques Chirac à venir en Russie fin mars - voyage pas encore confirmé par l'Elysée - entend bien évoquer le sujet si le président de la République répond à son invitation.

L'an dernier, la chancelière allemande Angela Merkel avait clairement fait savoir à Poutine qu'il n'était pas souhaitable que la Russie prenne une part plus importante dans la maison mère d'Airbus.

Airbus pourrait se séparer de quatre usines en Allemagne
Le constructeur aéronautique européen pourrait se séparer de quatre de ses sept usines en Allemagne dans le cadre de son plan de restructuration "Power8", croit savoir le Financial Times Deutschland jeudi. Les sites de Nordenham et de Varel vont être vendus, selon le quotidien économique allemand, qui cite des sources industrielles. Ceux de Buxtehude et de Laupheim sont eux aussi menacés.
Nordenham, où Airbus emploie 2.250 salariés, produit des tronçons de fuselages pour l'ensemble de la famille Airbus. Varel (1.300 salariés) fabrique des pièces de précisions, en titane, aluminium et acier. Buxtehude (380 personnes) s'occupe des appareils de communications dans les cabines, comme les hauts-parleurs ou les systèmes de divertissement. Enfin, le site de Laupheim (1.200 salariés) dans le Bade-Wütemberg conçoit et produit les aménagements intérieurs des cabines et l'habillage des soutes. Airbus compte transformer les usines de Buxtehude et Laupheim en "centres de compétence pour l'aménagement des cabines", selon le Financial Times Deutschland, sous le contrôle d'un sous-traitant, vraisemblablement l'allemand Diehl Aerospace.