Les salariés d'Airbus ripostent

La journée de mobilisation des salariés d'Airbus France a été massive ce mardi sur les différents sites de l'avionneur, en réaction au plan de redressement de la direction qui vise la suppression de 10.000 postes, dont 4.300 en France. Une manifestation européenne des salariés d'Airbus et de l'aéronautique doit avoir lieu à Bruxelles le 16 mars. Le ministre de l'Economie, Thierry Breton, a quant à lui souhaité qu'EADS procède le moment venu à une augmentation de capital.

La première grande mobilisation d'Airbus depuis 1993 a été massive aujourd'hui. Alors que les salariés ont entamé entre une demi-journée et une journée de grève, des milliers de manifestants ont défilé aujourd'hui dans les rues de Toulouse, Méaulte (Somme) et Saint-Nazaire (Loire Atlantique) pour protester contre le plan de redressement de l'avionneur Power 8.

Ce dernier prévoit la suppression de 10.000 postes en quatre ans, dont la moitié parmi les intérimaires et les sous-traitants. Quelque 4.300 emplois disparaîtront en France (sur 22.000), 3.700 en Allemagne, 1.600 en Grande-Bretagne et 400 en Espagne.

A Toulouse, siège social de l'avionneur, un cortège regroupant 12.000 salariés d'Airbus, d'élus et de syndicalistes, selon la police, 15.000 selon les organisateurs, a défilé dans le centre-ville. De Jean-Claude Mailly (FO) à Bernard Thibault (CGT), en passant par François Chérèque (CFDT), la plupart des leaders syndicaux étaient présents. Deux candidats à la présidentielle, Olivier Besancenot et José Bové aussi.

"J'espère que cette mobilisation suffira à faire bouger les lignes, il n'est pas normal qu'Airbus en France soit lésé", a indiqué le co-président du comité européen d'Airbus, Jean-François Knepper (FO), précisant au sujet du partage franco-allemand que "le but n'est pas de manger l'autre, mais que chacun ait à manger". Et de menacer : "si aujourd'hui nous ne sommes pas entendus, il faudra taper plus fort, le combat ne fait que commencer".

A Saint-Nazaire, où entre 1.500 et 3.000 personnes étaient dans les rues, le taux de gréviste était de 90% sur les sites de Saint-Nazaire et de Gron. Sur place, Marie-George Buffet, candidate du parti communiste à la présidentielle, a réclamé le retrait du plan Power 8. A Méaulte, ce sont également entre 1.500 et 2.000 personnes qui étaient dans les rues ce mardi matin.

En signe de solidarité, des salariés d'Eurocopter, également filiale d'EADS, ont débrayé durant une heure au siège de l'hélicoptériste à Marignane et sur le site de La Courneuve. Une manifestation européenne des salariés d'Airbus et de l'aéronautique devrait avoir lieu à Bruxelles le 16 mars.

Ce mardi matin, avant que ne débute la journée d'action, le ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, Thierry Breton, a indiqué sur France Inter "souhaiter" que le groupe d'aéronautique et de défense EADS, maison mère d'Airbus, procède le "moment venu (...) à une augmentation de capital", à laquelle participera l'Etat au prorata de sa participation. Toutefois, pour le ministre, EADS n'a "pas besoin" d'être capitalisé avant "deux ou trois ans". "Aujourd'hui, il n'y a pas besoin d'argent frais dans l'entreprise. L'entreprise a une trésorerie abondante jusqu'en 2010", a t-il déclaré. Cette option permettrait de lever de l'argent frais pour financer le nouveau programme long-courrier A350, estgimé entre 10 et 11 milliards d'euros.

Thierry Breton a par ailleurs mentionné d'autres options pour augmenter la participation de l'Etat dans EADS. "A partir du moment où Daimler a décidé de céder une partie des actions (...), j'ai négocié au nom du gouvernement la possibilité pour l'Etat français d'avoir un droit de préemption sur ces actions, ce qui pourrait donc permettre (à l'Etat) de remonter si c'est nécessaire".

Selon Ségolène Royal, candidate socialiste à la présidentielle, qui rencontrait aujourd'hui la chancelière allemande Angela Merkel, cette dernière n'a pas pris d'engagements sur une éventuelle recapitalisation d'EADS, mais elle n'a pas "fermé la porte". Dans tous les cas, Berlin s'oppose à tout remaniement de l'actionnariat du groupe d'aéronautique et de défense.

"Je suis d'avis que la structure de l'actionnariat devrait rester telle qu'elle a toujours été jusqu'à présent", a déclaré le ministre de l'Economie allemand, Michael Glos. Enfin, le groupe socialiste de l'Assemblée nationale a demandé que la Commission des affaires économiques du Palais-bourbon se réunisse cette semaine, ou au plus tard la semaine prochaine, afin d'examiner le dossier Airbus. "Je n'y suis pas du tout opposé", a répondu le président du groupe UMP, Bernard Accoyer, "mais le problème d'Airbus ne doit pas être l'occasion d'une exploitation politique".


Bon début d'année pour les commandes
Airbus a engrangé 97 commandes d'avions et livré 76 appareils sur les deux premiers mois de l'année. L'avionneur européen a reçu sept commandes en février après un mois de janvier faste (90 commandes). Les commandes reçues par Airbus depuis le début de l'année se décomposent en 89 monocouloirs de gamme A320, 2 quadriréacteurs A340 ainsi que 6 A330-200 version cargo, dont le lancement industriel a été annoncé le 17 janvier. Airbus commence l'année devant Boeing qui comptabilise 64 commandes depuis le début de l'année. Mais reste derrière son rival américain en valeur de commandes, les ventes de Boeing étant essentiellement composées de long-courriers (36 B767, 9 B777 et 16 B787 pour trois moyen-courriers B737).


Vers un accord pour une compagnie de location chinoise
Airbus pourrait participer à la création d'une compagnie de location d'avions chinoise en collaboration avec une banque privée, la China Minsheng Banking Corp, a indiqué le PDG de cette banque, Dong Wenbiao, lors d'un discours repris par l'agence Bloomberg. Cette dernière possèderait 51% du capital. Aibus aurait 15%. L'accord serait sur le point d'être signé.

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