"Il y a deux banques spécialisées à Paris, la banque Delubac, un établissement indépendant, et la banque Thémis, qui dépend du Crédit Agricole", nous a confié Johan Brucale, directeur de la division banque/city cabinet de recrutement Michael Page International. Outre ces deux banques, relativement petites, les grands établissements comme la Société Générale, BNP-Paribas et Natexis disposent d'équipes dédiées. Toutefois, "en trois ans, nous n'avons eu qu'un seul mandat pour trouver un tel spécialiste !", a relativisé Johan Brucale.

De son côté, le cabinet de recrutement Norman Alex vient de décrocher un mandat pour trouver un ou plusieurs spécialistes basés à Paris. Selon Jérôme Jouanneau-Courville de ce cabinet, "il y a un début de demande". "C'est un secteur qui marche bien quand l'économie va mal, ce qui n'est pas le cas actuellement", a-t-il ajouté. Mais tout peut basculer d'un jour à l'autre, surtout lorsque que l'on se trouve en haut de cycle, comme les économistes s'accordent à le dire aujourd'hui.

Une formation en audit est le profil le plus recherché.

De fait, beaucoup de banques internationales commencent à agir par anticipation, comme l'a d'ailleurs constaté la BRI, la Banque des Réglements internationaux, dans son rapport annuel, publié en juin. Les auteurs de cet ouvrage de référence de la situation bancaire internationale constatent que "les grands établissements financiers des économies industrielles avancées tentent actuellement de faire face" au problème des entreprises très endettées, "en constituant des équipes spécialisées dans les restructurations et les faillites".

Le profil recherché pour ces emplois de niche est une formation en audit et une bonne connaissance de la vie de l'entreprise. Ce spécialiste doit être capable de comprendre les problèmes d'une société et de trouver une solution pour sa viabilité. "Ce n'est pas un job pour un junior !", a indiqué Johan Brucale. Avec cinq ans d'expérience, le salaire se situe autour de 70.000 à 75.000 euros par an.

Un marché qui se développe en Europe continentale.

Pour l'heure, le marché est surtout concentré à Londres et New-York. Mais il commence à se développer en Europe continentale, notamment en Allemagne. Selon le cabinet de recrutement londonien Kennedy Associates, les effectifs des banquiers spécialisés dans le distressed debt ont gonflé en Europe de 30% depuis début 2007, soit aujourd'hui 400 professionnels. Au niveau mondial, on compte environ 1.500 banquiers avec cette qualification, dont 800 aux Etats-Unis et 300 en Asie.

En Europe, la Deutsche Bank a doublé ses effectifs en trois ans pour atteindre aujourd'hui 120 postes. ABN Amro a doublé de son côté ses effectifs l'an dernier portant à 20 le nombre de ces spécialistes et compte encore embaucher 40 personnes à moyen terme.