Les autres films de la semaine

Parmi les sorties de la semaine ''Si le vent soulève les sables'', ''Loin d'elle'', ''Miss Montigny'', ''Le cercle des noyés'', ''Pur week-end'', "Clerks II" et "Amer Béton"

''Si le vent soulève les sables''
C'est l'Afrique dans toute sa complexité que dépeint Marion Hänsel dans ce film non situé précisément, où la beauté des paysages sert de cadre à la tragédie d'une famille contrainte à l'exode pour trouver de l'eau. On suit Rahne, le père, accompagné de sa femme Mouna et de leurs trois enfants, dont Shasha, la petite dernière, appelée à jouer un rôle important, dans une marche qui est une lutte pour la survie. Au milieu du désert où la terre jaune, brûlée par le soleil se confond parfois avec la blancheur du ciel, terre abandonnée des dieux et oubliée des hommes, la mort n'est jamais très loin. Les soldats de différentes factions qui surgissent de nulle part, corrompus, preneurs d'enfants pour les enrôler dans leurs rangs, jeunes drogués ou adultes profiteurs de la détresse de ces familles, viennent rappeler que la guerre est omniprésente. L'eau, denrée si rare, est l'acteur invisible de ce film et la cause de tant de morts. Une histoire émouvante qui ne cède jamais au pathos, où les sourires, les danses et les couleurs des vêtements africains font aussi partie du film.

''Loin d'elle''
Fiona et Grant sont mariés depuis 45 ans. Fiona souffre de troubles de mémoire. Réalisant qu'il s'agit de la maladie d'Alzheimer, elle décide de se faire admettre dans une maison spécialisée. Grant s'y oppose, mais ne peut aller contre la volonté de sa femme. Alors qu'il vient la voir tous les jours, il assiste, impuissant, à l'attachement de celle-ci pour un autre patient et à son éloignement. Adapté de la nouvelle d'Alice Munro, "L'ours traversa la montagne", le film de la jeune candienne Sarah Polley traite avec pudeur et beaucoup de non-dits de l'amour d'un couple, symbole de longévité malgré les écarts, les tentations et les épreuves de la vie. Il donne aussi un signal d'espoir: une nouvelle vie est possible, au-delà de la maladie. Très naturels, les acteurs Julie Christie, Gordon Pinsent, Olympia Dukakis et Michael Murphy confèrent de la profondeur à ce film, sur un sujet qui résonne comme une préoccupation majeure de nos sociétés.

''Miss Montigny''
Dans la lignée des frères Dardenne, ce film a pour cadre la Belgique et ses régions dévastées par le chômage. Dans la petite ville de Montigny, proche de Charleroi, Sandrine, 21 ans, rêve de monter un salon d'esthétique, poussée par sa mère, qui entretient une relation fusionnelle avec elle. La ville décide de renouer avec une tradition ancienne: le concours de miss. Sandrine veut y participer, y voyant l'opportunité de financer son salon, grâce à la prime, tout en lui amenant la notoriété qui lui apportera ses futures clientes. Décidée à aller jusqu'au bout, elle est soutenue par sa mère, qui projette ses propres rêves de réussite, tandis que son père, au chômage, est démissionnaire. Empêtrée dans ses propres contradictions, sa volonté de ne pas décevoir sa mère et ses rêves d'indépendance, Sandrine est joliment interprétée par Sophie Quitton. On retrouve aussi Arianne Ascaride dans le rôle de la mère. Le jeu naturel des actrices et la simplicité de l'interprétation en font un film très humain. En prime: une issue plutôt inattendue.

''Le cercle des noyés''
C'est une histoire méconnue que raconte ce documentaire en noir et blanc, réalisé par Pierre-Yves Vandeweerd. Celle de ses prisonniers politiques noirs en Mauritanie qui ont passé quatre ans enfermés dans l'ancien fort colonial de Oualata, de 1987 à 1991, alors qu'ils demandaient simplement à être des Mauritaniens à part entière. Un ancien détenu raconte leurs conditions d'enfermement, les privations, les humiliations et la torture, mais aussi la maladie et la mort. Sobre et sans effets.

"Pur week-end"
Sept amis d'enfance se retrouvent pour leur randonnée annuelle dans les Alpes. David, qui bénéficie d'une permission de prison, ne veut pas y retourner et décide de fuir. Décidés à le protéger, ses amis s'engagent à le conduire jusqu'à la frontière avec l'Italie. La police engage alors une chasse à l'homme pour retrouver le fugitif.
Les gros moyens sont de sortie pour ce film au scénario très mince, voire nul, et teinté de bons sentiments. Psychologie de comptoir, tirades sur le commerce équitable et sur la police en France se succèdent dans des dialogues creux, sans intérêt. Réalisé par Olivier Doran, avec Kad Merad, Bruno Solo, Valérie Benguigui et François Berléand, le film se voulait une réflexion sur l'individualisme, avec comme conclusion que sans les autres, nous ne sommes rien. La démonstration est loin d'être convaincante. Affligeant.

"Clerks II"
Deux trentenaires tiennent un fast-food dans un coin reculé du New Jersey. Pour passer le temps ils se répandent en grivoiseries et se lancent dans des considérations philosophiques oiseuses, telles que la supériorité entre "La guerre des étoiles" et le "Le seigneur des anneaux". L'un des deux protagonistes, tout de même touché par une méchante crise de maturité, hésite à s'embarquer dans un mariage qui le conduirait tout droit en Floride et le ferait quitter son attachante routine. Il y a douze ans, "Clerks", qui mettait en scène les mêmes acteurs dans un décor similaire, mais en noir et blanc, était devenu film culte. Quelques bonnes répliques et des personnages attachants, mais il est difficile de passer outre l'embarrassante vulgarité du film pour y trouver du bon.

"Amer Béton"
Tiré d'un manga, "Amer Béton" est un film d'animation surprenant. Dans les bas-fonds de Takara, métropole excessive et aliénante aux airs de Tokyo, deux jeunes orphelins jouent les "robin des bois" contre les yakuzas du quartier. Mais l'arrivée d'un nouveau caïd qui tente de prendre la main sur la ville va marquer le début d'une descente aux enfers psychologique pour les deux jeunes, forcés à être séparés, à se sentir abandonnés une seconde fois. Ce film de Michael Arias rappelle l'impression ressentie à la découverte d'"Akira" il y a douze ans. Parce que le graphisme est novateur et dynamique. Parce que l'intrigue est complexe et vire petit à petit à la folie. Et même s'il n'évite pas quelques longueurs, "Amer Béton" déploie une force époustouflante, aussi bien visuelle qu'émotionnelle.

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