Allemagne : les prévisions d'embauches au plus haut depuis la réunification

L'enquête de printemps de l'Assemblée des chambres de commerce (DIHK) suggère un prolongement du boom sur le marché du travail outre-Rhin. Le chômage pourrait y baisser de 700.000 personnes cette année. Les entreprises se plaignent d'une pénurie de personnel qualifié.

Rarement l'optimisme a été aussi marqué en milieu patronal de l'autre côté du Rhin. L'industrie et les services sont les secteurs les plus demandeurs de main d'oeuvre supplémentaire, d'après la dernière enquête de conjoncture de l'Assemblée allemande des chambres de commerce (DIHK) qui a interrogé 20.000 entreprises. Dans le sillage d'une dynamique forte des investissements s'annonce une vague d'embauches sans précédent. A fin mai, 23% des entreprises sondées déclarent vouloir embaucher dans les douze prochains mois, contre 11% qui envisagent de réduire leur personnel. Un solde inverse était encore affiché il y a dix-huit mois.

Dans ce contexte, le nombre des chômeurs devrait reculer en moyenne de 700.000 cette année, prévoit la DIHK. Sa précédente projection en fin d'année dernière tablait sur un recul de 500.000. La raison de cette nette amélioration tient au fait que la croissance s'installe à un rythme solide. Ainsi, les entreprises sont 34% à s'attendre à une hausse de leur chiffre d'affaires dans l'année à venir, contre 10% craignant un recul. Un solde positif de 24 points en ressort, "qui ne s'était pas vu depuis la réunification", a souligné Axel Nitschke, chef économiste de la DIHK. L'industrie et les services sont les plus optimistes, avec un solde de 28 en termes d'opinions positives, le bâtiment progressant nettement (+12 contre - 24 il y a deux ans) de même que le commerce (+17).

"De façon surprenante, le tassement de la conjoncture en première partie d'année du fait de la hausse de la TVA (+3 points au 1er janvier 2007) a été rapidement effacé", commente l'organisation patronale. Celle-ci prévoit qu'après les exportations et les investissements, la consommation constitue le troisième pilier de la croissance, sur fond de nette amélioration de l'emploi.

Aussi, la DIHK est amenée à rehausser sa prévision de croissance du PIB pour cette année, en la portant à 2,8%, contre 2,3% pronostiqué en février 2007 et 1,5% en octobre 2006! A 2,8%, le score obtenu serait identique à celui de l'an dernier pour la première économie d'Europe. Le gouvernement est quant à lui plus prudent en tablant sur 2,3% de croissance.

Reste que parmi les freins identifiés à la poussée de la conjoncture, l'un est lié à la difficulté des entreprises, en particulier dans les secteurs technologiques, à trouver de la main d'oeuvre qualifiée. Le patronat réclame un abaissement du seuil d'admission de travailleurs étrangers qualifiés en Allemagne, qui est très élevé avec un salaire minimum de 85.000 euros exigé pour un emploi pérenne. Mais ce voeu n'est pas réalisable à court terme, le parti social-démocrate (SPD) allié dans la coalition s'y refusant par crainte de défavoriser des demandeurs d'emploi nationaux.


Un compromis se dessine sur le salaire minimal
Entre l'idée d'instaurer un Smic à l'allemande, ce qu'une partie de la gauche et les syndicats réclament, et le rejet catégorique de la CDU d'Angela Merkel sur le sujet, s'amorce peut-être un prochain compromis a minima. La CDU, faisant un pas vers son "allié", avancerait l'idée d'étendre le champ de la loi actuelle qui oblige les partenaires sociaux à négocier un salaire minimum dans le seul secteur du bâtiment. Ces partenaires disposeraient dans certaines branches d'un délai d'un an pour arrêter par voie conventionnelle un salaire d'entrée d'un niveau permettant notamment d'éviter le dumping social en provenance d'employeurs étrangers. Une autre piste de la CDU vise à verser un complément de rémunération aux salariés peu payés et qui sont aujourd'hui obligés par centaines de milliers de recourir à l'aide sociale pour améliorer leur revenu. Une idée qui passe cependant très mal dans l'aile gauche du SPD, qui y voit la porte ouverte à des salaires au rabais, l'Etat étant invité à ajuster le tir. La commission d'arbitrage de la coalition doit se réunir le 18 juin en soirée. Un rendez-vous jugé capital en vue de conclure ou non un accord politique sur le salaire minimal.

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