Ségolène Royal se justifie dans son livre et plaide pour un "dépassement du PS"

L'ex-candidate socialiste à l'Elysée se justifie dans son livre, publié ce mardi, et laisse clairement apparaître qu'elle entend se représenter à la prochaine présidentielle. Elle affirme par ailleurs qu'il faut dépasser le PS en prenant "ce qu'il y a de plus utile dans chaque courant" de pensée. De son côté, le socialiste Jean-Christophe Cambadélis estime que l'heure n'est pas à "la désignation d'un leader".

Ségolène Royal y croit encore. "Je gagnerai un jour", affirme-t-elle dans son livre "Ma plus belle histoire, c'est vous" qui sort ce mardi, soutenu par une importante campagne médiatique. "Je ne connais encore ni le lieu, ni la date, mais je sais qu'un jour, nous nous retrouverons", écrit l'ex-candidate socialiste à l'Elysée en conclusion de l'ouvrage. "Je veux un jour fêter nos retrouvailles", ajoute-t-elle, laissant entendre qu'elle souhaite de nouveau concourir.

Pour "la prochaine fois", elle ne reconnaît qu'une seule "vraie faute, un seul déficit", "n'avoir pu aligner au lendemain de l'investiture un nombre respectable de ténors socialistes sourire aux lèvres et fleur au fusil". La prochaine fois, l'ex-compagne de François Hollande estime qu'il faudra "le soutien de tout un parti et d'un compagnon amoureux, à fond avec la candidate". "La solidarité politique n'a pas compensé l'abandon privé", confie-t-elle.

L'ancienne candidate s'en prend aux ténors socialistes - au premie rang desquels Lionel Jospin, "l'homme du déni majeur" - et à leur manque d'implication. "J'aurai dû supplier, séduire, roucouler", s'interroge-elle a posteriori. "J'aurais dû ruer dans les brancards. M'organiser. Les commander".

Elle dénonce par ailleurs le procès en incompétence intenté par la droite (comme par certains de ses "amis" de gauche) et décortique "la machine de l'adversaire", un système fait de mainmise sur l'appareil de l'Etat et de "verrouillage médiatique". "Si nous voulons être de taille pour la prochaine manche", il faudra "rééquilibrer le rapport de forces" et prendre "lucidement la mesure du pouvoir de suggestion et d'intoxication qu'il nous faudra affronter".

"Je ne doute pas que nous soyons nous aussi capables d'un saut politique, psychologique et technologique dans l'art de mener une campagne avec tous les outils requis", ajoute Ségolène Royal, ménageant l'état-major du PS. "Pour ma part, ce n'est qu'un début. L'histoire continue, c'est-à-dire le combat", prévient celle qui est "ainsi faite, vaillante, optimiste, attachée de tout mon être à l'histoire de mon pays, que je ne me résigne pas à voir abaissé comme il l'est aujourd'hui".

Lundi soir, à l'occasion d'un débat sur la crise de la gauche, à Paris, Ségolène Royal s'est prononcée pour "un dépassement du PS", qui doit devenir "une force centrale capable d'associer les différents courants" du progrès, sur le modèle de "la gauche italienne". "Je pense que nous devons aller dans cette direction. Il faut inventer un dépassement du PS, des coalitions, des ouvertures", a affirmé la présidente de la région Poitou-Charentes.

Selon Ségolène Royal, pour réussir cette entreprise, la gauche doit "prendre ce qu'il y a de plus utile dans chaque courant" de pensée. Elle a cité le thème de "l'impartialité de l'Etat" cher au président du MoDem, François Bayrou, et "l'altermondialisme" qui "a raison sur la question de l'aide au développement".

La responsable socialiste a aussi jugé que l'on a "besoin de la radicalité sur certains sujets". "J'imagine la radicalité dans la défense de la protection sociale, dans la lutte contre les franchises médicales, dans la défense des services publics (...), dans la question des banlieues", a-t-elle insisté. "Entre les idées de François Bayrou et d'Olivier Besancenot, je ne fais pas le choix". Elle a, en revanche, estimé que "c'est par le compromis social qu'on arrivera à garantir les progrès sociaux", citant "l'entreprise" comme terrain de ce compromis.

Comme en écho, le responsable socialiste Jean-Christophe Cambadélis a affirmé, dans une tribune au quotidien Le Monde daté de mardi, que "le PS a besoin d'un pacte reconstructeur et d'un collectif pour le mettre en oeuvre", et que son objectif aujourd'hui "ne peut pas être la désignation d'un leader". "Miser sur un présidentiable censé combiner ordre, rénovation et représentation, c'est prendre le risque d'une confrontation durable (...)", affirme le député strauss-kahnien de Paris.

Pour lui, "rétablir la confiance, c'est introduire du collectif et de la stabilité dans la gouvernance du PS. La question prégnante du leadership ne peut être réglée par un leadership s'imposant sur une partie du PS". Parmi les "principes refondateurs" du PS, le secrétaire national du parti énonce la nécessité de "créer de la richesse dans et par un nouveau modèle de développement" et de "rétablir les conditions d'une égalité réelle".

Jean-Christophe Cambadélis défend d'autre part une "union organique" des partis de gauche et invite les partenaires du PS à s'interroger. "Doivent-ils rester à 1% ou 2% du corps électoral et ne peser sur aucun événement (...) ou exister réellement dans un ensemble plus déterminant?", demande-t-il. Pour cette raison, selon lui, "la proportionnelle" doit rester le mode de désignation des responsables de la gauche.

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