Transports : grèves reconduites mardi alors que le dialogue reprend entre syndicats et gouvernement

La grève est reconduite à la SNCF et à la RATP pour mardi. Les directions des deux entreprises publiques annoncent pourtant une amélioration du trafic avec notamment la moitié des TGV en circulation. Mais les syndicats des deux entreprises ont accepté, pour la première fois, de participer à des négociations laissant espérer une sortie de crise. En attendant, la grève coûte 300 à 400 millions d'euros par jour à l'économie française, selon Christine Lagarde.

La journée du mardi 20 novembre sera une nouvelle fois synonyme de galère pour la plupart des Français qui auront besoin de se déplacer. Les premières assemblées générales (AG) de cheminots ont reconduit "massivement", ce lundi, à la SNCF la grève contre la réforme des régimes spéciaux. C'est notamment le cas à Rouen, Marseille et Mulhouse. Le trafic ne rentrera donc pas encore dans un processus de retour à la normale, et la journée de mardi devrait connaître encore de fortes perturbations. A la RATP, les AG ont également toutes reconduit les grèves. Malgré les déclarations de Pierre Mongin, PDG de la RATP, qui se déclare "optimiste sur une sortie de crise", la RATP a fait savoir qu'elle prévoit pour ce mardi un trafic "très fortement pertubé" sur les lignes A et B du RER et un "métro sur quatre ou cinq en moyenne". De leur côté, "bus et tramways rouleront à 50% en moyenne".

La journée de mardi s'annonce d'ailleurs particulièrement chargée sur le plan social, avec la jonction des mouvements entre cheminots et fonctionnaires. La grève de ces derniers pour le pouvoir d'achat "sera sans doute largement suivie", selon le secrétaire d'Etat à la Fonction publique, André Santini, interrogé sur RMC-Info/BFM-TV. "Cette grève est fondée sur des raisons salariales, ce ne sont pas des machinations politiques", a-t-il estimé. Pour lui, une "grève moyenne dans la fonction publique, c'est 30%" de grévistes.

Un peu plus de la moitié des Français (53%) "soutiennent" (33%) ou éprouvent "de la sympathie" (20%) pour le mouvement de grève des fonctionnaires prévu mardi "notamment pour les salaires, l'emploi et le service public", selon un sondage CSA publié lundi dans L'Humanité. Selon ce sondage, 18% des Français se disent "opposés" à ce mouvement social et 11% y sont "hostiles". 16% sont "indifférents" et 2% "ne se prononcent pas".

En attendant, la journée de lundi aura été encore très perturbée en ce sixième jour de grève des agents de la SNCF et de la RATP. Six syndicats de la compagnie nationale et trois de la régie parisienne avaient décidé dimanche de reconduire une nouvelle fois la grève pour 24 heures. A la SNCF, malgré la baisse du taux de grévistes à 26,2% contre 32,2% vendredi, le trafic était encore très incertain.

Une sortie de crise semble néanmoins se dessiner depuis dimanche soir, alors que le gouvernement et les syndicats ont fait des concessions de part et d'autres pour faciliter l'ouverture de négociations. A la SNCF, six fédérations de cheminots (CGT, FO, CFTC, Unsa, CFE-CGC et Sud) ont en effet accepté de participer mercredi aux négociations proposées par la présidente de l'entreprise, Anne-Marie Idrac, sur la réforme des régimes spéciaux de retraite.

Les syndicats doivent se rendre autour de la table avec leur "plate-forme revendicative", a déclaré Didier Le Reste, secrétaire général de la CGT-Cheminots, premier syndicat de l'entreprise. Cette "plate-forme" a été soumise ce lundi matin aux cheminots. Les exigences communes des syndicats (CGT, FO, la CFTC, SUD-Rail, l'Unsa et la CFE-CGC) réaffirment leur refus du "contenu du cadrage gouvernemental" de la réforme, qui prévoit d'aligner ces régimes spéciaux sur celui de la fonction publique, soit un allongement de 37,5 à 40 années de cotisation.

Sud-Rail, deuxième syndicat de l'entreprise qui tient les positions les plus dures dans ce conflit, a assuré qu'il serait "bien présent" aux négociations. Trois syndicats de la RATP (CGT, Unsa et FO) sur les quatre soutenant la grève ont annoncé également dimanche soir qu'ils participeraient aux négociations.

Du côté du gouvernement, on fait aussi un pas vers le dialogue. Désormais, le gouvernement conditionne sa présence aux tables rondes à une reprise du trafic et non plus à un appel à la reprise du travail, une nuance fondamentale aux yeux des syndicats. "Il y aura un représentant de l'Etat s'il y a bien une dynamique de reprise du travail", a expliqué le ministre du Travail, Xavier Bertrand, précisant qu'il entendait par là "davantage de trains, de métros qui reprennent".

Les négociations pourraient même s'accélérer, sans attendre la date prévue pour mercredi. François Chérèque, secrétaire général de la CFDT qui appelle à la suspension du mouvement de grève, a demandé ce lundi matin de "hâter le pas" des négociations sur les régimes spéciaux de retraite à la SNCF sans attendre mercredi, date de la première table-ronde entre syndicats de cheminots et direction en présence d'un représentant de l'Etat.

Une proposition également reprise par d'autres syndicats, y compris les plus radicaux sur le mouvement de grève. Sud-Rail, deuxième syndicat à la SNCF, s'est dit ainsi prêt à discuter "sans attendre mercredi", a indiqué sur LCI Christian Mahieux, son secrétaire fédéral. "Pour l'instant, le seul élément nouveau qu'il peut y avoir, c'est mercredi. Si le gouvernement et la direction veulent avancer cette réunion, les cheminotes et les cheminots sont prêts. Nous sommes en grève, nous souhaitons évidemment que les discussions commencent le plus tôt possible sur le fond du problème posé", a-t-il déclaré.

Mais Sud-Rail reste inflexible sur le fond. "Nous voulons revenir à 37,5 ans pour tous, pas seulement pour les cheminots. La situation économique du pays le permet (...) en redistribuant autrement l'argent entre salaires et profits", a ajouté le syndicaliste.

Pour sa part, le conseiller social de l'Elysée, Raymond Soubie, a indiqué ce lundi qu'il tablait sur un retour à la normale dans les transports, en grève depuis six jours, "pour le milieu de la semaine". "J'ai un espoir raisonnable que nous arrivions à un aboutissement positif, c'est-à-dire à une reprise progressive du travail et du trafic", a-t-il poursuivi, estimant toutefois qu'il "y aura sans doute des pôles de résistance".


Un coût de 300 à 400 millions d'euros par jour pour l'économie
Selon la ministre de l'Economie Christine Lagarde, la grève des transports coûte "300 à 400 millions d'euros par jour" à l'économie française. Tout en jugeant ce coût "difficile à chiffrer", la ministre a estimé que l'on pouvait évaluer à un montant compris "entre 300 et 400 millions d'euros par jour de grève, les perturbations diverses et variées entraînées par les mouvements actuels".

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.