Allemagne : le patronat critique l'instauration d'un salaire minimum dans les services postaux

Le gouvernement allemand a adopté un projet de loi étendant le salaire minimum à la distribution du courrier, laquelle va s'ouvrir complètement à la concurrence au 1er janvier 2008. Le leader du secteur Deutsche Post salue cette étape, les organisations patronales la désapprouvent.

Un salaire minimal pour le secteur de la distribution du courrier en Allemagne est sur de bons rails. C'est ce que veut croire du moins le vice-chancelier social-démocrate et ministre du Travail, Franz Müntefering, qui a pu faire adopter ce matin un projet de loi allant dans ce sens. Le sujet divisait au sein de la coalition le SPD et la CDU d'Angela Merkel. Aussi le compromis trouvé est allégé par rapport à la version initiale, en ce que seul les facteurs seront concernés par la loi, non les employés dans le portage de journaux et les coursiers.

Le 1er janvier 2008 doit s'ouvrir en Allemagne tout le secteur de la distribution de courrier, contrairement à la France qui a retardé cette ouverture. Craignant de perdre des parts de marché au profit de la concurrence privée qui paye ses employés à des tarifs au rabais, l'ex-monopole public Deutsche Post a négocié avec le grand syndicat des services Verdi un salaire minimum (9,8 euros l'heure à l'ouest et 9 euros à l'est). L'entreprise est par ailleurs un acteur prépondérant dans une fédération d'employeurs du secteur postal tout récemment créée, et qui entend imposer dans un second temps le niveau de salaire négocié à toute la branche. Les concurrents comme la société privée PIN ou TNT refusent d'y adhérer.

Une fois la loi adoptée, le gouvernement pourra fixer par ordonnance le niveau de salaire minimal valable pour les facteurs, en prenant comme référence celui négocié entre partenaires sociaux. Or, plusieurs organisations patronales mettent en cause l'accord passé avec Verdi, qui ne permet pas de réunir 50% des salariés du secteur, une condition à remplir pour être étendu à l'ensemble de la branche. Le ministère du Travail assure de son côté que les conditions sont au contraire réunies.

Le débat fait plus généralement rage en Allemagne sur l'instauration d'un SMIC à la française, qui serait une vraie révolution dans un pays où les salaires sont l'affaire exclusive des partenaires sociaux. La coalition doit encore en débattre jusqu'à l'automne. Pour le moment, la loi sur les travailleurs étrangers a conduit à ce qu'un salaire minimal a été décrété dans certaines branches, comme le bâtiment et ses métiers connexes, pour les protéger du dumping social venu de l'étranger. La Poste serait le prochain secteur à s'insérer dans ce dispositif.

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