Sacyr lance une offre de rachat par échange d'actions sur Eiffage

Le groupe de BTP espagnol a annoncé ce jeudi le lancement d'une offre sur Eiffage. Luis Del Rivero, le PDG de Sacyr, table sur une chiffre d'affaires additionnel de 2,5 milliards d'euros pour le nouvel ensemble. Il offre 12 actions Sacyr pour 5 titres Eiffage. Et il propose une augmentation de capital portant jusqu'à 149,1 millions de titres pour financer cette OPE.

Cette fois, c'est parti: le groupe de BTP espagnol Sacyr annonce ce jeudi matin qu'il lance une offre publique d'échange sur Eiffage dont il détient déjà 33,2%, au bord du seuil obligatoire de lancement d'une OPA. Il offre 12 actions Sacyr pour 5 titres Eiffage, ce qui valorise Eiffage à 6,5 milliards d'euros. Et il propose une augmentation de capital portant jusqu'à 149,1 millions de titres pour financer cette OPE. La validité de l'offre est conditionnée à l'obtention d'au moins 60% du capital d'Eiffage.

La cotation des titres Eiffage et Sacyr a été suspendue ce jeudi respectivement à la Bourse de Paris et à celle de Madrid. Sacyr tient une conférence de presse ce matin. A la reprise de cotation, à 13 heures, le titre Eiffage reculait toutefois de près de 6%.

A l'occasion d'une conférence de presse qui se tenait ce matin à Paris, Luis Del Rivero, le patron du Sacyr a affiché sa confiance dans le succès de l'OPE, qui permettra la création du quatrième groupe européen de construction. Une fois bouclée l'opération sur la totalité du capital d'Eiffage, "nous réintroduirons 20 à 25% des titres du groupe à la Bourse de Paris", a-t-il déclaré.

Le dirigeant a également déclaré que le rapprochement entre les deux entreprises n'entraînerait "aucune suppressions de postes". Et s'il ne prévoit pas de synergies au niveau des coûts, Luis Del Rivero anticipe en revanche "un chiffre d'affaires additionnel de 2,5 milliards d'euros" pour le nouvel ensemble.

Mercredi, tandis qu'on s'attendait à un bras de fer entre la direction du groupe français de BTP et les différents investisseurs espagnols, Eiffage n'a pas attendu la première heure de l'assemblée générale des actionnaires pour lancer son attaque. Le groupe a en effet décidé de supprimer une partie des droits de vote des groupes espagnols présents depuis peu dans le capital d'Eiffage, les accusant d'agir de concert avec Sacyr. En tout 89 actionnaires espagnols sont ainsi concernés par cette mesure de restriction des droits de vote lors de l'assemblée générale.

Les groupes Rayet et Inversiones Portival détiennent respectivement 4,2% et plus de 2% du capital d'Eiffage. Grupo Rayet avait d'ailleurs alerté le marché du fait que 80% de ses droits de votes lui avaient été retirés. Au total, les actionnaires privés de leur droits de vote représentaient environ 18% des droits de vote d'Eiffage. Selon le Président d'Eiffage, Jean-François Roverato, si l'action de concert était avérée, Sacyr aurait à lancer une OPA sur le groupe à 129 euros par action. Une option à laquelle le PDG d'Eiffage n'est d'ailleurs pas opposée.

Sacyr a pour sa part immédiatement démenti les accusations d'Eiffage, le PDG de Sacyr déclarant que l'AMF ou le tribunal confirmeront qu'il n'y a pas eu d'action de concert entre les différents groupes espagnols. Après une suspension de séance, les représentants de Sacyr, dont le groupe détient 33,2% du capital, on quitté l'assemblée momentanément, pour finalement revenir.

En tout état de cause, Sacyr est finalement ressorti bredouille de l'assemblée, celle-ci ayant rejeté sa demande de nommer 5 administrateurs au conseil d'Eiffage. Les cinq résolutions pour leurs nominations ont été rejetées, n'obtenant qu'un peu plus de 40% de voix favorables à chaque fois.

Le groupe français de BTP a donc réussi à déjouer ce projet, grâce au soutien des autres actionnaires, face aux 33,2% détenus par Sacyr. Face à cette situation, et à la manière dont l'assemblée s'est déroulée, Sacyr va engager des procédures pour contester la validité de l'assemblée.

Pris en tenaille, Eiffage avait demandé à ses salariés leur soutien face à la montée en puissance des Espagnols, mais aussi à la Caisse des Dépôts et consignations (CDC), notamment concernant le vote des résolutions. Parmi celles-ci, Eiffage a inscrit une "pilule empoisonnée" qui consiste en l'émission de bons de souscription d'actions en cas d'OPA hostile. Cette résolution a d'ailleurs été acceptée par l'assemblée à 56,74% des voix. Les salariés et cadres dirigeants disposent de 29,8% des droits de vote, tandis que pour sa part la Caisse des Dépôts détient 9,1% des droits de vote pour 8,5% du capital.

Aux abois, Eiffage avait même tenté d'empêcher les salariés actionnaires de son groupe de céder leurs actions (dans le cadre d'une Sicav). Environ 20% du capital était concerné. Cette interdiction a rapidement été levée à la demande de l'AMF, mettant à nouveau Eiffage dans une situation délicate, tandis que les actionnaires salariés pourraient être tentés de prendre leurs profits, après la montée de plus de 50% du titre depuis le début de l'année.

Jean-François Roverato nommé président non exécutif d'Eiffage
Le conseil d'administration d'Eiffage a nommé le PDG du groupe Jean-François Roverato au poste de président non exécutif du groupe. La direction générale du groupe est assurée par Benoît Heitz. Ce passage de témoin s'effectue avec deux mois d'avance sur le calendrier initial.

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