Solferino morne plaine. Au siège du Parti socialiste, nul agitation, nulle fièvre. Deux heures avant l'heure fatidique où s'afficheront les premières estimations de votes de ce second tour de élections législatives, au siège du PS, c'est l'attente. Une attente tranquille, comme si tout était déjà joué d'avance.

L'exact opposé de ce déjà lointain 6 mai, qui avait rassemblé devant les grilles du QG de Ségolène Royal une foule bariolée et remuante de sympathisants et militants socialistes scandant bruyamment leurs espoirs avant d'être douchés par les premières estimations des instituts de sondages qui donnaient la victoire à Nicolas Sarkozy. Plus de 800 journalistes se pressaient alors fiévreusement dans la cour Pierre Bérégovoy, les caméras chauffaient sous les spots et les militants vêtus du Tee-shirt rouge frappé du slogan "Ségo présidente" s'interpellaient joyeusement.

En ce soir de second tour, plus rien de tout ça. Et la pluie qui martèle la toile tendue au dessus de la cour ajoute à cette ambiance surannée. Les écrans de télévision ne diffusent plus, comme il y a un mois, les soirées électorales diffusées par les grandes chaînes, mais sont aujourd'hui bloquées sur... les 24 heures du Mans. Aucun militant déambulant dans les couloirs. Et les rares caciques du parti se font discrets.

Jean-Christophe Cambadélis refuse de répondre aux questions et monte quatre à quatre l'escalier qui mène au premier étage pour y rejoindre la dizaine de responsables socialistes qui préparent leur interventions sur les plateaux de télévision. Même les médias sont absents. Le soir du second tour de la présidentielle presse et télévisions étrangères jouaient des coudes pour installer leurs plateaux de directs. Aujourd'hui quelques rares caméras sont installées et un présentateur demande à ses confères de "faire toile de fond" pour son intervention "pour qu'il y ait un peu d'ambiance".

Bref, au PS ce soir, nul ne se fait plus d'illusion et chacun sait que désormais c'est à l'intérieur du Parti socialiste que se jouent les véritables enjeux.