Semi-conducteurs : boostées par l’IA, les ventes du géant taïwanais TSMC s’envolent

Dominant plus de la moitié du marché mondial des puces électroniques, le géant taiwanais développe un nouveau relais de croissance avec les puces utilisées pour les outils et applications d'intelligence artificielle. Cette année, le groupe a aussi entamé une stratégie d'internationalisation, notamment aux Etats-Unis et au Japon.
TSMC a annoncé un bond de près de 60% de son chiffre d'affaires en avril par rapport au même mois de 2023.
TSMC a annoncé un bond de près de 60% de son chiffre d'affaires en avril par rapport au même mois de 2023. (Crédits : Ann Wang)

Les vents sont très favorables pour le géant taïwanais des semi-conducteurs. Ce vendredi, TSMC a annoncé un bond de près de 60% de son chiffre d'affaires en avril par rapport au même mois de 2023. Une hausse entraînée par la demande de produits d'intelligence artificielle (IA) alimentés par des puces électroniques.

Pour rappel, la société Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) compte parmi ses clients Apple et Nvidia, et contrôle plus de la moitié de la production mondiale de semi-conducteurs.

Hausse spectaculaire du chiffre d'affaires

Ce mois-ci, son chiffre d'affaires s'est donc élevé à « environ 236,02 milliards » de dollars de Taïwan (6,75 milliards d'euros), « soit une augmentation de 59,6% par rapport au mois d'avril 2023 », selon un communiqué de l'entreprise. Pour comparaison, en mars de cette année, TSMC avait enregistré une hausse de 34,3% par rapport au même mois l'année précédente.

Le groupe, qui a entrepris de diversifier sa production au-delà de l'île de Taïwan, avait affiché en avril une hausse de 13% de son chiffre d'affaires pour le premier trimestre 2024 sur un an, à 17,50 milliards d'euros. Il s'attend à une hausse de 27,6% pour le deuxième trimestre.

Les puces IA nouvelle poule aux œufs d'or du géant taïwanais

La demande de puces à haute performance est considérable, les entreprises s'équipant du matériel nécessaire au développement de l'IA à la suite du lancement de ChatGPT, le très populaire outil d'intelligence artificielle de la startup américaine OpenAI.

Le mois dernier, le géant sud-coréen de la fabrication de puces SK Hynix a annoncé qu'il allait coopérer avec TSMC pour mettre au point une nouvelle génération de mémoire à haut débit (HBM) utilisée dans l'IA. SK Hynix domine le marché des puces HBM, des composants essentiels au fonctionnement de l'IA, et est l'un des fournisseurs majeurs de Nvidia, mastodonte américain du secteur des processeurs.

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Mais ce nouvel horizon est assez récent pour TSMC, qui sort tout juste la tête de l'eau. En 2023, après avoir subi une chute de la demande suite à la baisse des ventes d'ordinateurs et de smartphones en début d'année, l'entreprise avait vu ses clients se ruer à nouveau à son portillon face à l'émergence d'un nouveau marché : celui de l'intelligence artificielle.

En octobre dernier, CC Wei, le directeur général de la société expliquait que « la demande en IA continue de croître de façon de plus en plus forte. Du point de vue de TSMC, nous avons une capacité limitée pour soutenir la demande » de clients tels que Nvidia. Il affirmait par ailleurs que TSMC travaillait « dur » pour accroître sa capacité de répondre à cette demande.

Montée en puissance aux Etats-Unis

TSMC a d'ailleurs annoncé début avril son intention de construire une troisième usine de semi-conducteurs en Arizona, alors que deux unités sont déjà en cours de construction, portant son investissement total aux Etats-Unis à 65 milliards de dollars. Mais les projets de TSMC en Arizona ont rencontré des obstacles l'année dernière, attribués à des difficultés de recrutement de personnel aux compétences très spécialisées. Ces usines TSMC en Arizona permettraient de voir pour la « première fois » des puces les plus avancées fabriquées sur le sol américain, avait déclaré la secrétaire américaine au commerce, Gina Raimondo, début avril.

Et ce, alors que plusieurs Etats ont fait pression sur l'entreprise pour qu'elle déplace davantage de lignes de production en dehors de Taïwan du fait des tensions avec la Chine qui considère l'île comme faisant partie de son territoire et n'a jamais renoncé à recourir à la force pour en reprendre le contrôle. La chaîne d'approvisionnement en semi-conducteurs est, en effet, très vulnérable aux crises.

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La première usine américaine de TSMC, qui doit commencer à produire en grandes quantités au premier semestre 2025, livrera des puces gravées en 4 nanomètres (un nanomètre est égal à un milliardième de mètre, ndlr). La seconde usine fabriquera des composants encore plus avancés, en 3 et 2 nm, tandis que la troisième en produira gravés en 2 nm, voire moins. A titre de comparaison, l'épaisseur d'une feuille de papier est d'environ 100.000 nm.

Début avril, Gina Raimondo, ministre du commerce avait assuré que TSMC allait créer « au moins 6.000 emplois directs » dans ces usines, « plus de 20.000 emplois » pour la construction et « des dizaines de milliers d'emplois indirects ». Lael Brainard, principale conseillère économique de Joe Biden a précisé, pendant un échange avec la presse, que l'investissement envisagé par TSMC s'appuyait sur un accord lié à une grande loi d'investissement dans les technologies, le « Chips and Science Act ». Selon cet accord, l'entreprise taïwanaise recevra jusqu'à 6,6 milliards de dollars de financements directs et pourra bénéficier de 5 milliards supplémentaires sous forme de prêts.

Stratégie d'internationalisation

Au-delà des Etats-Unis, TSMC pousse les feux dans d'autres pays du monde. Fin février, une méga-usine va ouvrir au Japon, pour un coût équivalent à 8 milliards d'euros. Celle-ci est subventionnée à plus de 40% par le gouvernement japonais, qui souhaite revitaliser son industrie des semi-conducteurs.

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En août, le fabricant taïwanais de semi-conducteurs a aussi donné son feu vert pour construire une usine en Allemagne. Un projet d'un montant total de 10 milliards d'euros au sein duquel TSMC détiendra 70%.

Enfin, en septembre 2023, l'Union européenne a mis 43 milliards d'euros sur la table dans le cadre du « Chips Act » qui vise à doubler la production de puces sur le Vieux continent, et atteindre 20% des parts de marché de l'industrie en 2030.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 11/05/2024 à 9:44
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Où en est cette grande UE dans sa souveraineté informatique.. C'est encore la faute du réchauffement climatique ou de l'IA.. J'opte plutôt pour une certaine incompétence de nos danseurs de claquettes.

à écrit le 10/05/2024 à 18:05
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[ Mais les projets de TSMC en Arizona ont rencontré des obstacles l'année dernière, attribués à des difficultés de recrutement de personnel aux compétences très spécialisées. ] Pas facile de recruter des ingénieurs payés au SMIC américain incar...

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