Telecom Italia s'intéresse à Club Internet et discute avec France Télécom

Le géant italien des télécoms discute "accords industriels" avec France Télécom, Deutsche Telekom et Telefonica. L'opérateur italien présent en France avec Internet haut débit Alice est intéressé par un rachat de Club Internet, mis en vente par Deutsche Telekom. Telecom Italia se dégage une marge financière d'investissement en renonçant à abaisser son endettement et en diminuant son dividende à partir de 2008. L'internationalisation du groupe est relancée, notamment en Amérique latine.

Le président de Telecom Italia, Guido Rossi, a annoncé ce vendredi matin que les discussions avec son concurrent espagnol Telefonica en vue d'une coopération, initiées dès décembre dernier, vont "reprendre". "Cesar Alierta (président de Telefonica, NDLR) m'a confirmé que nous allons reprendre nos discussions d'ici deux semaines" a indiqué Guido Rossi. Il a toutefois précisé que les négociations qui avaient eu lieu récemment entre Telefonica et le principal actionnaire de Telecom Italia, Pirelli, pour faire entrer l'opérateur espagnol au capital du holding de contrôle de Telecom (Olimpia) "ne concernent pas Telecom Italia".

Le patron de Telecom Italia a aussi indiqué "chercher des zones de plus grande collaboration avec plusieurs opérateurs du secteur notamment France Télécom et Deutsche Telekom". avec qui il discute déjà. Il a toutefois peu après précisé que ces "possibles alliances internationales sont de type industriel et qu'aucun échange d'actions entre Telecom Italia et un autre opérateur n'est prévue, ni même une entrée au capital".

Guido Rossi a indiqué que les discussions avec Telefonica pourraient déboucher sur de simples "accords industriels ou quelque chose de plus important". "Cela peut être les deux: nous étudions toutes les possibilités de coopération, si la collaboration dans des domaines particuliers débouche sur autre chose, ce sera bien", a-t-il déclaré.

Telecom Italia revoit par ailleurs légèrement à la baisse ses objectifs et relance son internationalisation. Dans son nouveau plan industriel présenté ce matin à la communauté financière à Milan, l'ancien monopole italien des télécommunications espère au mieux pour les trois prochaines années une hausse de 1 à 2,5% de son chiffre d'affaires, pour un Ebitda devant rester stable. Il y a un an, l'ancien patron de Telecom Italia, Marco Tronchetti Provera, évoquait encore de 3 à 4% de progression annuelle du chiffre d'affaires.

Côté réduction de la dette, Telecom Italia renonce à descendre à un endettement de 33,5 milliards d'euros (contre 37,3 milliards d'euros actuels) et parle désormais d'atteindre "un rapport entre dette et Ebitda inférieur à 3". Sur la base de l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) de l'an dernier, l'objectif d'endettement maximum serait ainsi de 38,55 milliards d'euros.

Prévoyant d'investir au total 15 milliards d'euros en trois ans, Telecom Italia évoque ainsi "la vente de participation et d'actifs non stratégiques" pour un montant total d'environ 1 milliard d'euros comme sa participation dans Brasil Telecom, dans l'opérateur Oger Telecom contrôlant Turk Telecom, et dans les banques Capitalia et Mediobanca ainsi que des actifs immobiliers dont son siège milanais.

Le vice-président du groupe et ancien bras droit de Marco Tronchetti Provera, Carlo Buora, a aussi annoncé un changement dans la politique de dividende à partir de 2008. "Seulement" 80 à 85% du bénéfice net seront redistribués aux actionnaires à partir de cet exercice. Cela devrait libérer quelques ressources financières pour faire face aux investissements prévus, notamment celui dans un réseau de nouvelle génération (fibre optique), notoirement coûteux. Pour l'exercice 2006, le groupe propose en revanche comme les années précédentes de distribuer 92% du bénéfice net aux actionnaires.

Le nouveau patron de Telecom Italia, Guido Rossi, s'affranchit ainsi un peu de la tutelle encombrante de son principal actionnaire, Pirelli (dirigé et contrôlé par Marco Tronchetti Provera). Ce dernier doit en effet rembourser grâce aux dividendes reçus de Telecom Italia la dette de 2,9 milliards d'euros de son holding financier Olimpia et avait maintenu jusqu'ici un dividende très généreux à cet effet.

Reconnaissant que Telecom Italia "souffre" d'une présence trop réduite à l'international dans le contexte d'une plus forte concurrence sur son marché national, Carlo Buora a rappelé que le groupe "se basera fortement sur ses opérations internationales", tout en maintenant sa position de leader en Italie. La clientèle non italienne doit représenter près de la moitié du portefeuille clients et 30% du chiffre d'affaires (contre 16% aujourd'hui) en 2009.

L'implantation dans Internet haut débit en France (Alice) et en Allemagne est confirmée. Dans l'Hexagone, où le groupe revendiquait 775.000 clients à la fin 2006, Telecom Italia compte dégager un excédent brut d'exploitation positif l'an prochain.

Telecom Italia réfléchit à devenir un opérateur de téléphonie mobile virtuel (MVNO) en France et à l'usage de la technologie Wimax, tout en étendant géographiquement son offre de dégroupage.

Surtout, en Amérique latine, après avoir évoqué à la fin 2006 la vente de son opérateur de téléphonie mobile TIM Brazil, Telecom Italia change totalement d'approche. Désormais le groupe italien veut même prendre le contrôle de Telecom Argentina, dont il possède déjà la moitié et qu'il pourra acquérir totalement dès 2009 grâce à une option d'achat (call option).

En 2006, le bénéfice de Telecom Italia s'est établi à 3,014 milliards d'euros, en recul de 6,3%, pour un chiffre d'affaires progressant de 2,9% en un an.



Alice s'intéresse à Club Internet
Le fournisseur d'accès à Internet Alice, filiale française de l'opérateur italien Telecom Italia, a annoncé ce vendredi compter 775.000 abonnés ADSL, selon un communiqué publié le jour de l'annonce des résultats 2006 de sa maison mère. A la fin de l'année dernière, Alice comptait plus de 1 million d'abonnés Internet, dont 775.047 à l'ADSL et 239.968 à l'internet bas débit. Alice se positionne ainsi comme le quatrième fournisseur d'accès à internet en France avec 6,45% du marché, très loin derrière France Télécom, Free et Neuf Cegetel. Un problème de taille critique qui a décidé Deutsche Telekom à se séparer de sa filiale Club Internet qui, pour arriver à survivre sur ce marché très dynamique, aurait dû investir lourdement dans la fibre optique pour proposer de l'internet à très haut débit. Telecom Italia, Free, Neuf Cegetel et le câblo-opérateur Noos Numéricâble sont candidats à la reprise de Club Internet. "Nous examinerons avec attention Club Internet car le marché français est important pour nous", a indiqué ce vendredi après-midi l'administrateur délégué de Telecom Italia, Riccardo Ruggiero. Le vice-président du groupe, Carlo Buora, avait auparavant toutefois estimé "impossible de faire une acquisition actuellement en la payant en cash", à moins de ne plus se soumettre à une "discipline financière".

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.