En Allemagne, les chrétiens-démocrates (CDU) à la tête de la grande coalition au pouvoir à Berlin ont lourdement chuté lors de l'élection régionale en Hesse. Le ministre président sortant, Roland Koch, a recueilli 36,8 % des voix selon les résultats définitifs communiqués à 23 heures 30. Il s'effondre de douze points par rapport aux 48,8% des précédentes élections en 2003. Donné premier parti du Land dès les premières estimations de 18 heures, le parti social-démocrate (SPD) est finalement devancé d'un souffle (36,7%) par la CDU en ayant toutefois progressé de 8 points.

La situation est cependant confuse, dans la mesure où une position de "pat" électoral est sortie des urnes. Ni le SPD en s'alliant aux Verts (7,5 % des voix), ni la CDU avec son allié naturel libéral FDP (9,4 %) ne peuvent former une majorité en sièges dans le prochain parlement. Cela suggère des négociations longues entre partis pour faire émerger une coalition de gouvernement parmi de nombreuses constellations possibles.

En Basse-Saxe voisinne où l'on votait aussi dimanche, la CDU menée par Christian Wulff a perdu des voix (42,5%, soit 6 points de baisse) mais a pu assurer la reconduction de sa coalition avec le FDP. Dans cet ancien fief social-démocrate dirigé par Gerhard Schröder, avant que ce dernier n'accède en 1998 à la chancellerie, le SPD tombe à son plus bas niveau à 30,3%.

Ces élections régionales ont par ailleurs confirmé la poussée à l'ouest du pays du parti formé par des néo-communistes et anciens syndicalistes (Die Linke). Il obtiendrait 7% en Basse-Saxe, et juste au-dessus de 5% en Hesse, soit le seuil requis pour une entrée au parlement régional. La candidate du SPD en Hesse, Andrea Ypsilanti, a exclu catégoriquement de former une coalition comprenant la gauche extrême.

Andrea Ypsilanti avait fortement axé sa campagne sur la justice sociale et en particulier le salaire minimum pour tous. Elle incarne ainsi le coup de barre à gauche donné par le président du parti, Kurt Beck. Ce dernier ressort renforcé dans sa stature de candidat à la chancellerie en septembre 2009. Il s'est fait fort dimanche soir à Berlin de mener d'autres campagnes avec les mêmes thèmes qui "permettent d'orienter l'Allemagne vers un bon avenir".

Alors que l'économie allemande devrait souffrir en 2008 d'un ralentissement de la conjoncture, et qu'approchent dans un an des législatives au plan fédéral, le résultat de l'élection en Hesse inquiète parmi les économistes : "le succès du SPD est un signal définitif vers une politique de redistribution en Allemagne" qui va selon lui au détriment des forces vives et au final "coûte de la croissance", déclare ce lundi Klaus Zimmermann, président de l'institut DIW, dans les colonnes du Bild Zeitung.

Au plan politique, l'élection en Hesse est une défaite personnelle pour Roland Koch, une des figures de proue à 49 ans de la CDU en incarnant l'aile pro-libérale du parti. Malgré un bon bilan économique, les électeurs ont semble-t-il sanctionné sa manière de placer au coeur de sa campagne la lutte contre la délinquance juvénile dans les dernières semaines avant le scrutin, et cela non sans arrière-pensées xénophobes.

Pour Angela Merkel, la défaite possible de Koch est aussi la sienne, tant elle s'est mobilisée pour soutenir la campagne de ce dernier lors des dernières semaines. Mais elle voit aussi un des plus sérieux rivaux politiques en passe d'être marginalisé si celui-ci ne parvient pas à sauver son siège de ministre-président dans les jours à venir.