Baisse accentuée de la production industrielle en France en mars

La production industrielle française a diminué de 0,8% en mars par rapport au mois précédent, après une hausse de 0,3% en février, selon l'Insee. La seule production manufacturière (hors énergie et industries agricoles et alimentaires) est en baisse de 1,5%.

Après trois mois consécutifs de hausse, la production industrielle de la France a baissé nettement en mars. Elle a en reculé de 0,8% après une hausse de 0,5% (+0,3% en première estimation) le mois précédent, selon des données CVS-CJO publiées ce vendredi par l'Insee.

La dégradation est nettement plus forte qu'attendu. Vingt-sept économistes interrogés par Reuters s'attendaient en moyenne à un recul de 0,2% de la production industrielle française en mars.

La seule production manufacturière (hors énergie et agroalimentaire) a chuté de 1,5% après une progression révisée également à +0,5% en février (+0,3% en première estimation).

Pour Mathieu Kaiser, de BNP Paribas, "ces données sont cohérentes avec les mauvais résultats enregistrés en mars sur les fronts intérieur (baisse des dépenses des ménages de 1,7%) et extérieur (baisse des exportations de 6% en valeur). Elles s'inscrivent dans le retournement plus générale de l'activité européenne, annoncé depuis le début de l'année par l'érosion de plus en plus marquée des indicateurs avancés (directeurs d'achat, OCDE, Commission européenne). La diminution de la production allemande (publiée hier) a confirmé ce changement de climat en mars (-0,5% pour l'ensemble de l'industrie, -0,2% pour l'industrie manufacturière)".

Pour Marc Touati, de Global Equities, si, d'un point de vue climatique, le printemps semble enfin s'installer dans l'Hexagone, en matière économique, il n'en rien. "En fait, l'économie française est en train de passer de l'automne à l'hiver. Ainsi, après l'effondrement de la confiance des ménages, la baisse du moral des chefs d'entreprise, la nouvelle flambée du déficit extérieur et la chute de la consommation des ménages, c'est au tour de la production industrielle de déchanter". Pis, selon lui, à l'exception de la production énergétique, tous les secteurs industriels ont enregistré une forte baisse de leur production. A commencer par l'industrie automobile dans laquelle, après avoir déjà plongé de 2,1 % en février, la production a encore chuté de 2,9 % en mars. "Cette nouvelle déconvenue confirme que le malaise de l'industrie automobile française s'aggrave et que la relative résistance de la consommation dans ce domaine en France profite principalement aux constructeurs étrangers" explique l'analsyte.


De même, après avoir certes rebondi en février, la production de biens d'équipement et de biens intermédiaires repart à la baisse en mars, avec des résultats peu réjouissants de respectivement - 1,1% et - 1,7%. Ces évolutions confirment que l'investissement des entreprises devrait nettement décélérer dans les prochains trimestres. Enfin, il faut également noter qu'après déjà six mois de croissance molle, la production de biens de consommation a également reculé de 0,8%. Son glissement annuel est ainsi passé dans le rouge, à précisément - 0,6%. Là aussi, cette triste évolution confirme que la baisse de la consommation des derniers trimestres n'était pas un accident de parcours mais qu'elle est bien appelée à se poursuivre, voire à s'intensifier. Et quand bien même résisterait-elle, la consommation bénéficiera principalement aux produits importés. Au total, en augmentant de seulement 0,3% sur l'ensemble du premier trimestre, la production industrielle conforte notre prévision d'une croissance du PIB français d'environ 0,3% sur ce même premier trimestre.

Dans ce cadre, la croissance du PIB restera faible sur l'ensemble de l'année, avec un niveau moyen d'environ 1,4%. Seul piètre réconfort, ce ralentissement n'est pas que français, mais généralisé à l'ensemble de la zone euro. Ainsi, après un premier trimestre encore relativement correct, les PIB français et eurolandais devraient se rapprocher de la croissance zéro au moins jusqu'au troisième trimestre 2008. "Cette triste réalité tranche évidemment avec le discours de la BCE qui annonce une croissance toujours soutenue dans la zone euro en se concentrant uniquement sur le passé. Or, toute inflexion de politique monétaire prend environ six à neuf mois pour agir sur l'activité. Lorsque les dirigeants monétaires eurolandais se rendront compte de l'ampleur des dégâts, il sera évidemment bien trop tard" conclut Marc Touati.

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