Un Allemand prend les rênes d'une Berd qui se cherche

Jean Lemierre laisse la présidence à Thomas Mirow, jusqu'alors secrétaire d'Etat aux Finances outre-Rhin. Contrairement aux souhaits de certains pays actionnaires, la Berd n'a pas distribué de dividendes, préférant utiliser ses confortables bénéfices pour accroître ses réserves.

Le secrétaire d'Etat aux Finances allemand Thomas Mirow, 55 ans, a été désigné ce lundi, à l'assemblée annuelle de la Banque européenne de reconstruction et de développement (Berd), à Kiev, pour succéder au Français Jean Lemierre, qui s'en va après deux mandats de quatre ans.

Mais le nouveau président arrive à la Berd, créée en 1991 pour aider les pays de l'ancien bloc soviétique à évoluer vers l'économie de marché, à un moment charnière de son histoire. Après que la République tchèque l'a quittée fin 2007, s'estimant capable désormais de voler de ses propres ailes, la Berd s'apprête en effet à accueillir la Turquie, qui ne faisait pas partie de son champ de compétences initial, au terme d'un processus de consultation qui doit prendre fin en octobre.

De plus, la banque a réussi à dégager en 2006 et 2007 des bénéfices enviables de 2,4 milliards puis 1,9 milliard d'euros (pour 5,6 milliards d'euros investis dans la région l'an dernier), qui ont ouvert un débat jusqu'alors inédit sur l'opportunité de verser des dividendes aux actionnaires, comme une banque classique. Après avoir fait la sourde oreille l'an dernier, elle a décidé cette année d'attribuer 80% des bénéfices réalisés de 2007 aux réserves, 10% à un fonds d'assistance technique à ses propres projets et 10% (135 millions d'euros) à la reconstruction du sarcophage de Tchernobyl.

La plupart des 61 pays et deux institutions (Communauté européenne et Banque européenne d'investissement - BEI), qui participent à la Berd, ont été d'accord avec ces mesures, mais il y a eu des voix discordantes. La Russie, comme la Biélorussie, a ainsi déploré la volonté de la Berd de garder des réserves élevées, estimant qu'il vaudrait mieux augmenter le volume des prêts.

L'Australie a confirmé qu'elle quitterait l'actionnariat en 2010 pour se concentrer sur la zone Asie-Pacifique, et critiqué la donation à Tchernobyl, estimant que cela revenait à alléger la contribution des pays du G8 et de l'Union européenne, deux entités dont elle ne fait pas partie.

Les Etats-Unis ont voté les résolutions, mais ont laissé planer une menace sur l'avenir. Leur représentant, le sous-secrétaire d'Etat au Trésor, David Mc Cormick, a indiqué que son pays redemanderait des dividendes l'an prochain, que les Européens considèrent comme contraires à la philosophie de la banque, mais que son pays voit comme "un signal positif aux investisseurs" dans la région.

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