Le Medef et l'UIMM n'arrivent pas à trouver d'accord

La rencontre ce mardi entre le président de la fédération patronale de la métallurgie et Laurence Parisot ne s'est pas bien passée. Il n'y a en particulier pas d'accord sur la question des mandats exercés par l'UIMM dans les organisations paritaires.

Le bras de fer engagé par la présidente du Medef avec sa puissante fédération de la métallurgie est loin d'être fini. La rencontre qui s'est tenue mardi entre les deux acteurs principaux de cette affaire, Laurence Parisot, présidente du Medef, et Frédéric Saint-Geours, président de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), ne leur a pas permis de tomber d'accord. "L'entretien n'a pas été satisfaisant. La question des mandats reste ouverte", a indiqué un porte-parole du Medef. L'UIMM s'est abstenue pour sa part de tout commentaire.

En clair, la présidente du Medef ne se satisfait pas des décisions prises par la direction de l'UIMM après la polémique sur les indemnités de départ de Denis Gautier-Sauvagnac, son ancien président. Réuni d'urgence lundi, le bureau de l'UIMM n'a pas accédé à la principale demande de la présidente du Medef: que les dirigeants de l'UIMM rendent l'ensemble de leurs mandats nationaux. Seul le secrétaire général de Renault, Michel de Virville, a démissionné de son mandat de président de l'Unedic.

En revanche, l'instance dirigeante de la fédération a décidé de réexaminer les indemnités de "mise à la retraite" obtenues par Denis Gautier-Sauvagnac, mis en examen pour abus de confiance dans l'affaire des retraits en liquide d'au moins 19 millions d'euros entre 2000 et 2007 sur des comptes bancaires de l'UIMM. Mais pas question de priver l'ancien président de l'UIMM, qui fut pendant des années un des principaux dirigeants et négociateurs du Medef, de tout chèque de départ. Selon le dispositif actuelleement prévu, il devrait toucher 1,5 million d'euros, auxquels s'ajoute la prise en charge par l'UIMM des conséquences fiscales de l'affaire des retraits en liquide.

"Il est normal que s'il est mis à la retraite il parte avec quelque chose", a affirmé lundi soir sur France 2 le président de l'UIMM Frédéric Saint-Geours, rappelant que Denis Gautier-Sauvagnac est "salarié de l'UIMM depuis 15 ans". DGS, qui était toujours délégué général de l'UIMM, ainsi que Dominique de Calan, son adjoint, également mis en examen dans l'affaire des retraits suspects, ont été contraints au départ.

Les réactions aux rebondissements de l'affaire UIMM se sont multipliées mardi. L'ancien président de Safran Jean-Louis Béchat, membre du bureau l'UIMM, estime que Michel de Virville doit démissionner du bureau de l'UIMM au motif qu'il a lui-même négocié les indemnités de départ de DGS. "Quand on a appris dans la presse qu'il avait 13 mois de préavis et plus de quatre ans d'indemnité, beaucoup de membres du bureau ont été choqués", a déclaré Jean-Louis Béchat sur BFM. Pourtant, la transaction obtenue par Denis Gautier-Sauvagnac a été votée à l'unanimité des membres du bureau de l'UIMM en décembre.

De son côté, le président de Renault, Carlos Ghosn, apporte son soutien à Laurence Parisot dans sa volonté d'assainir le fonctionnement des instances patronales. "S'il y a suspicion, s'il y a manque de transparence, s'il y a méfiance, il faut que cela change", a affirmé Carlos Ghosn sur France Inter. L'Union professionnelle artisanale (UPA) se dit de son côté "affligée" par "l'image négative qui est donnée des partenaires sociaux et refuse tout amalgame entre les différentes organisations patronales", indique-t-elle dans un communiqué.

Pour Frédéric Saint-Geours, les pratiques ancestrales de l'UIMM censées "fluidifier le dialogue social", selon l'expression de DGS, font désormais parties du passé. "Je suis là pour que ça n'existe plus", a-t-il affirmé mardi sur France Inter. Il promet que bientôt l'UIMM sera "exemplaire" au niveau de son fonctionnement et de sa gestion, et indique que sa fédération pourrait certifier ses comptes dès cette année, comme la présidente du Medef le souhaite. "J'ai compris que le souci de Laurence Parisot c'était la transparence, la clarté", a-t-il souligné.

Resté sur la réserve jusque-là, le Premier ministre François Fillon a approuvé mardi l'attitude de la patronne du Medef, estimant qu'elle a eu la "bonne réaction". "Tout le monde a été choqué à la fois par le montant des indemnités de départ de Denis Gautier-Sauvagnac, mais surtout par la méthode", a-t-il affirmé sur Europe 1. Pour autant, le "rôle du gouvernement n'est pas de se substituer à la justice", a insisté le Premier ministre.

Les syndicats estiment que l'heure des réformes structurelles des organisations patronales a sonné. "Nous souhaitons que Laurence Parisot accepte enfin qu'on puisse discuter du financement des organisations patronales et de leur représentativité, de la même façon que l'on discute pour les organisations syndicales", a déclaré mardi sur France Info Maryse Dumas, secrétaire confédérale CGT.

FO met l'accent sur la paralysie que cette affaire cause dans les négociations interprofessionnelles et les instances paritaires. "Sur l'assurance chômage, sur les retraites complémentaires, quel sera l'interlocuteur" patronal? "Au moins sur le timing, il y aura quelques problèmes", a déclaré sur BFM le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly. Pour autant, il n'entend pas "se mêler" des affaires du patronat.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.